Dans un contexte de crise énergétique, la tour Cœur Défense innove et économise l’énergie. Cette initiative permet au gestionnaire de rendre invisible sur la facture la hausse du prix du kWh. Le directeur technique Ludovic Levavasseur annonce même que cette baisse va continuer, notamment grâce aux milliers de détecteurs de présence implantés progressivement dans les 170 000 m2 de bureaux.
Le gratte-ciel, reconnaissable à ses deux tours de 40 étages aux bords arrondis culminant à 161 mètres et à ses baies vitrées formant un damier blanc changeant, est occupé à 80 %. Pour le faire vivre, il faut pulser de l'air neuf, chaud ou froid selon la saison, alimenter 42 000 points d'éclairage, 76 ascenseurs, 11 escalators, 14 000 stores et plus de 8 000 ventilo-convecteurs. Tout est électrique. A tel point que la facture électrique est le deuxième poste de dépenses pour la tour, après la sécurité et la sûreté incendie.
Des investissements gagnants
Une spectaculaire baisse de la consommation électrique a été constatée en 2021, dans la tour. Elle est due en grande partie aux nombreuses rénovations énergétiques. L’année dernière, l'immeuble a remplacé ses six groupes froids à récupérateurs de chaleur, équipements qui dataient de l'inauguration en 2001. Neuf, ils sont plus performants et permettent ainsi de réaliser de plus grandes économies.
Pour l'an prochain, la baisse attendue, de 10 à 15 %, sera moins facile : "On va essayer", assure Frédéric Galvez, directeur général adjoint Property Management chez BNP Paribas Real Estate.
Reste le problème de l'isolation. « Ce serait un investissement colossal, monstrueux, coûtant presque le prix de l'immeuble (acheté 1,8 milliard d'euros en 2017) », dit-il. « Cela obligerait à déposer toute la coque, à faire sortir les locataires et laisser le propriétaire sans revenu pendant le chantier ». Pour l’heure, la tour Cœur Défense réfléchit plutôt à s'équiper en photovoltaïque.
Le "manager énergie" veille
Heure par heure, jour après jour, les milliers de détecteurs de présence installés communiquent avec l'ordinateur d'une modeste pièce aveugle du sous-sol où Nicolas Puype, 42 ans, surveille. Salarié du prestataire de maintenance Engie Solutions, il est depuis trois ans le "manager énergie" du bâtiment.
Sans les voir, Nicolas Puype assiste au ballet des arrivées et des départs des salariés. « Je sais presque tout ce qui se passe, sans me déplacer, je n'ai même pas besoin de caméra », confesse l'automaticien qui va jusqu'à deviner quel train les gens ont emprunté pour gagner le quartier d'affaires. Sur ses écrans, les ascenseurs montent, les lumières s'allument, les ventilo-convecteurs démarrent et la courbe de la consommation électrique grimpe, puis s'effondre en fin de journée.
Tous les capteurs de Coeur Défense, et les ordinateurs que Nicolas Puype surveille, ont une mission finalement simple : ne chauffer, n'éclairer que lorsque que les travailleurs sont présents. Quand un bureau est inoccupé, il est automatiquement éteint.