Le constat est alarmant : au cours des dix prochaines années, environ 15 % de la forêt métropolitaine nécessitera une action volontaire, plus ou moins importante, en raison des effets du climat. Ces mesures incluent le renouvellement des arbres vulnérables ou incendiés, ainsi que le boisement de terres agricoles délaissées, ce qui représente 2,6 millions d'hectares supplémentaires, en plus des 500 000 hectares concernés par le renouvellement habituel dans le cadre des plans de gestion existants.
Les arbres jouent un rôle crucial en absorbant le carbone de l'air par le biais de la photosynthèse et en le stockant dans leurs troncs, branches et racines. Cependant, en raison du dépérissement, leur capacité de stockage diminue, ce qui menace la France de ne pas respecter ses engagements climatiques.
Depuis 2018, la France a été confrontée à des épisodes de chaleur et de sécheresse particulièrement intenses, entraînant un affaiblissement des arbres. Actuellement, plus de 300 000 hectares de forêt sont en dépérissement, soit environ 30 fois la superficie de Paris, et 30 % des essences sont menacées de dépérissement d'ici 2050, selon les estimations du ministère de la Transition écologique.
Plus d'un million d'hectares concernés
Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a déclaré qu'un montant compris entre 8 et 10 milliards d'euros serait nécessaire sur une période de dix ans. Ce "vaste programme d'intervention sur plus d'un million d'hectares" pour le renouvellement d'une forêt désormais vulnérable sera à partager entre les propriétaires privés, qui détiennent 75 % de la forêt, et l'Etat.
L'Etat prendra en charge une partie de cet investissement, a indiqué Marc Fesneau, qui voudrait voir amplifier l'enveloppe de 150 millions d'euros dédiée au reboisement en 2023. Un "fonds pérenne dédié prendra le relais dès 2024", a précisé le Gouvernement dans un communiqué.
"On va aussi apporter des moyens importants sur graines et plants, pour faire en sorte que se structurent des filières de pépiniéristes publics et privés", a également déclaré le ministre de l'Agriculture, accompagné de la nouvelle secrétaire d'Etat à la Biodiversité Sarah El Haïry, après la visite d'une parcelle où le propriétaire expérimente la plantation de chênes pubescents et de cèdres.
"Remotiver les propriétaires forestiers"
Outre la question de la disponibilité des semences, le vaste chantier des repeuplements a besoin de bras, avec "+50 % des effectifs actuels pour procéder aux plantations dans le respect des exigences de diversification et de protection contre le gibier", selon le rapport.
"Ce qu'il faut c'est vraiment remotiver les propriétaires forestiers", a plaidé Roland de Lary, directeur général du Centre national de la propriété forestière (CNPF), qui représente la forêt privée.
Il milite pour des regroupements au sein des 3,4 millions de propriétaires privés, pour "massifier la gestion" que les plus petits ne parviennent pas à assurer seuls, souvent au détriment de l'entretien de parcelles qui deviennent plus vulnérables aux incendies.
"Il faut provoquer le propriétaire, lui dire : tu sais, ta forêt elle vaut quelque chose. Elle vaut quelque chose en terme environnemental, elle vaut quelque chose en terme économique. Elle vaut quelque chose pour tes successeurs, pour tes enfants", explique Roland de Lary, soulignant que beaucoup de propriétaires "ont envie de jouer le jeu".