C’est dans les locaux de l’Apec, en présence de Gilles Gateau, directeur général, Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe, et Pierre Lamblin, directeur des Etudes, qu’a été présenté à la presse le bilan 2022 des recrutements de cadres en France métropolitaine. L’enquête, menée auprès de 8 000 entreprises du 14 novembre 2022 au 24 janvier 2023, fait état d’un niveau record atteint pour la toute première fois, avec plus de 300 000 recrutements de cadres.
Record de cadres recrutés et promotions internes en hausse
Alors même que les intentions d’embauche de cadres pour 2022 avoisinaient les 280 000, ce sont en réalité 308 300 recrutements qui ont été réalisés par les entreprises l’année dernière, soit + 15% par rapport à 2021, contre 281 000 recrutements en 2019, année de référence pré-Covid. Pour Gilles Gateau, « cela signifie que la guerre en Ukraine, l'inflation et les menaces de crise énergétique ou de rupture d'approvisionnement qu'on a pu connaître sur le gaz ou l'électricité n'ont pas dissuadé les entreprises d'embaucher des cadres en 2022 ». Preuve en est, la dynamique d’embauche a été plus forte que prévue.
Parallèlement aux embauches, et en réponse à leurs difficultés de recrutements de cadres, les entreprises utilisent aussi la voie interne. En 2022, l’Apec recense 63 500 promotions internes de cadres dans les entreprises françaises, « un niveau qu'on n'avait encore pas atteint les années précédentes », a relevé son directeur général. En effet, avec une hausse de 14 % par rapport à 2021, les promotions de salariés non cadres au statut de cadre atteignent le niveau le plus élevé depuis 2001 (72 000 promotions).
Toutefois, la part des promotions internes dans le total des postes cadres pourvus est à la baisse depuis 2012, avec 23 %. Signe qu'au fil des années, les entreprises répondent davantage à leurs besoins de cadres en sollicitant le marché externe.
Des créations d’emploi à leur plus haut niveau
Dans ce marché des recrutements très dynamique, les sorties d’emplois cadres sont, elles aussi, en hausse. L’Apec en enregistre 291 700 en 2022, dont seulement 39 500 sorties en raison de départ à la retraite de cadres en emploi, soit +12% par rapport au nombres de sorties en 2021. « On est loin du contexte de la grande démission des États-Unis », a relevé Gilles Gateau.
Dès lors, au regard du nombre de recrutements et de promotions internes ainsi que de sorties, l’année 2022 compte 80 200 créations nettes de postes cadres, contre 63 500 en 2021 et 74 800 en 2019. « Pour l’emploi cadre, la crise est surmontée », a-t-il déclaré, précisant que ces créations sont à leur plus haut niveau depuis l’existence de l’enquête annuelle de l’Apec.
Recruter des cadres devient de plus en plus difficile d’après le dernier baromètre de l’Apec
Une dynamique qui touche toutes les régions et tous les profils
La quasi-totalité des secteurs ont participé à la dynamique des recrutements de cadres en 2022, permettant à l’ensemble des régions d’afficher des volumes de recrutement records. Cinq régions clés pour l’emploi cadre se sont distinguées avec de très fortes progressions sur un an : les Hauts-de-France, l’Occitanie et la région PACA (+ Corse), avec +16 % par rapport à 2021, ainsi que l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes, avec + 15% de recrutements cadres entre 2021 et 2022.
Cette dynamique a également profité à tous les profils, avec en tête les cadres du secteur privé de 1 à 5 ans d’expérience, qui correspondent à 31 % des recrutements de cadres en 2022. Viennent ensuite les cadres de 6 à 10 ans d’expérience et de 10 ans et plus, tous à 26 %, et ceux de moins d’un an d’expérience, à 17 %. L’insertion des jeunes diplômés se portent toujours bien puisque 88 % de la promotion 2021 interrogée en 2023 occupent un emploi, dont 68 % un CDI.
Un haut niveau de recrutement prévu pour 2023 mais des disparités
Selon les prévisions de l’Apec, le nombre de recrutements de cadres en 2023 devrait se stabiliser au-dessus du seuil de 308 300 atteint en 2022, soit +10% par rapport à 2019. Toutefois, des disparitésentre lesterritoires voient le jour : la Bretagne, la Normandie et le Centre-Val de Loire verraient leurs embauches de cadres diminuer de respectivement 6 %, 4 % et 7 %, tout en restant au-dessus de leur niveau d’avant crise, alors que les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine, la région Grand Est pourraient connaitre un niveau de recrutements en-dessous de ceux enregistrés en 2019.
Par ailleurs, l’évolution des recrutements de cadres est hétérogène selon les secteurs : de +2 à + 4% pour ceux à forte valeur ajoutée (informatique, ingénierie et R&D ou activités juridiques), contre -7 et -9 % pour les secteurs du commerce et de la construction.
Enfin, les fonctions de cadres informaticiens, les études et R&D et les commerciaux totalisent 52 % des intentions de recrutements en 2023.
Malgré des perspectives réjouissantes en termes de taux de recrutements, l’Apec estime que les difficultés de recrutement ne devraient pas reculer en 2023. D’ailleurs, interrogées en décembre dernier sur leur anticipation des recrutements au premier trimestre 2023, 79 % des entreprises s’attendaient à ce qu’ils soient difficiles, dont 32 % très difficiles. En outre, l’an dernier, 26 % de celles ayant essayé de recruter ont dû abandonner au moins une embauche. A ce titre, l’Apec a relevé 15 pistes d’inspiration pour surmonter les difficultés de recrutement, disponibles ici.