La plénière d’ouverture du Campus européen du groupe Renaissance, organisé à Bordeaux les 7 et 8 octobre, s’est tenue en présence d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commissions européenne, invitée spéciale de Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, président du groupe Renew Europe.
“A Renaissance, nous avons l'Europe et le dépassement politique au cœur”, a d’emblée affirmé Stéphane Séjourné, lors de la séance d’ouverture. Le parti politique fait partie du groupe Renew Europe, fondé en 2019 sur des idées progressistes, réformistes, écologistes, pour former une coalition pro-européenne au Parlement européen. “Nous, Renew Europe, nous sommes la clé de voute de cette coalition. Trouver un chemin commun ensemble, pour l'intérêt général, trouver des compromis sans renier ses ambitions, c'est le cœur de notre projet européen”, a déclaré le secrétaire général de Renaissance.
Renew Europe, un parti, une double identité
Comme il l’a ensuite fait remarquer, le groupe Renew Europe est la force politique la plus pro-européenne en France pour construire l'avenir de citoyens européens, en agissant au niveau national et européen avec ses partenaires. La double identité de ce groupe s’exprime par la présence d’eurodéputés, de députés Renew, de commissaires européens, mais aussi de ministres et de parlementaires nationaux engagés.
Depuis les élections européennes de 2019, Renew Europe a agi en responsabilité sur différents enjeux : un pacte vert pour crée le continuum neutre en carbone au monde, une stratégie industrielle made in Europe pour les emplois de demain, des nouvelles règles pour les géants du numérique. En somme, il poursuit l’objectif de tendre vers une Europe plus sociale et plus protectrice.
L'Europe puissante
Pour Stéphane Séjourné, Renew Europe poursuit une ambition qui tient en deux mots : l’Europe puissante. Une puissance qui a été démontrée au fil des crises traversées par l’Europe ces dernières années : la crise sanitaire Covid, la crise économique, l’invasion russe en Ukraine. “L’Europe s'est surpassée, l'Europe s'est dépassée”, clame-t-il, retenant avec fierté le bilan commun, voire historique, de l’Union européenne. Malgré tout le travail accompli, il n’oublie pas pour autant tout ce qu’il reste encore à construire ensemble, avant les prochaines élections.
Il déplore également que l’Europe ne soit pas suffisamment forte aux côtés du peuple arménien face aux attaques de l'Azerbaïdjan. “L'Europe doit faire beaucoup plus, en soutien”, a-t-il souligné, précisant qu’encore récemment, à Strasbourg, une résolution de soutien sans équivoque du peuple arménien a été votée. “Comme le disais Jacques Delors, « en Europe, il faut le pompier, mais aussi l’architecte ». Avec vous, nous avons été, je crois, les deux”, a conclu Stéphane Séjourné à l’adresse d’Ursula von der Leyen.
L’avenir de la France et de l’Europe fortement liés
Le public conquis du campus européen a ensuite accueilli, sous un tonnerre d’applaudissements, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette dernière a tenu à évoquer dès sa prise de parole la situation dramatique au Proche-Orient et, comme Stéphane Séjourné, a exprimé sa solidarité avec les israéliens et Israël : “Je condamne avec la plus grande fermeté l'attaque insensée menée par le Hamas contre Israël qui a le droit de se défendre face à cet acte purement terroriste”.
Ursula von der Leyen a ensuite félicité la tenue de ce campus européen du groupe Renaissance, qui reflète, pour elle, la conviction que “l'avenir de la France, sa prospérité et sa capacité à maîtriser sondestin sont fortement liés à l'Europe”.
L’Europe, une “communauté de destin”
Reprenant une expression française, la présidente de la commission européenne aime définir l’Europe comme une communauté de destin. Selon elle, “les pays européens forment une communauté, voire même une famille, par la géographie, oui, mais aussi et surtout par les valeurs et les leçons souvent douloureuses du passé”. “C'est la force de cette communauté qui nous permet de faire face à notre destin commun, car il s'agit bien de destin”.
Ce destin commun s’est réalisé pendant la crise de la Covid-19, face aux conséquences du réchauffement climatique, face à la remise en cause brutale par Vladimir Poutine de la sécurité européenne mais aussi face aux profondes mutations écologiques. Ursula von der Leyen a d’ailleurs rappelé qu’aucun de ces défis ne s'arrête aux frontières tracées sur les cartes et que la France conservera sa puissance en continuant à être volontariste, en s'engageant pleinement avec ses partenaires européens et en prenant toute sa place au cœur du projet européen, comme elle l'a fait ces dernières années. “L’Europe, c'est ceux qui la créent et lui donnent une forme. C'est votre Europe, c'est vous l'Europe”, a-t-elle déclaré.
Ursula von der Leyen a également rappelé que, dans un monde de 8 milliards d'habitants où l'Union européenne n’en pèse que 500 millions, l'union est d’autant plus salvatrice. Le chacun pour soi ne sera jamais une solution car l'avenir de la France et celui de l’Union européenne dépendent l'un de l'autre.
Les succès collectifs de la France et l’Europe
Reprenant les propos de Stéphane Séjourné, la présidente a réaffirmé que la Commission européenne a l'Europe à cœur, son action l’illustrant parfaitement. Face à chaque crise, depuis quatre ans, l’Union européenne a amélioré son action, la France et l'Europe ont continué à croître, le chômage, à baisser, et des investissements importants ont été concédés pour préparer l'avenir. “Grâce à notre action commune, c'est une Europe renforcée, plus agile, plus unie qui a émergé de cette crise. C'est notre succès collectif et nous pouvons en être très fiers ”, s’est-elle félicitée.
Les États membres travaillent ensemble pour mener à bien les grands chantiers définis au début du mandat, notamment le Pacte vert européen, la nouvelle stratégie européenne de croissance durable. Il en va de même avec l’adoption de la Loi sur la neutralité climatique en 2050 et de toutes les propositions législatives sectorielles pour y parvenir, comme la taxe carbone aux frontières. Ensuite, sur le digital, la législation DSA/DMA régule le monde numérique et permet aux entreprises européennes de rivaliser avec leurs concurrents étrangers.
Sur l’enjeu majeur de la migration, parallèlement à l'adoption d’un pacte migration et asile, la présidente de la Commission européenne a rappelé avec force que l’Europe respecte et respectera ses obligations comme membre de la communauté internationale, en cohérence avec ses valeurs humanistes, tout en précisant qu’il revient aux Européens de décider qui peut venir dans l'Union européenne et dans quelles circonstances. “L’Europe gère la migration de manière à la fois efficace et humaine”, a-t-elle assuré.
Une France et une Europe plus souveraines à l’international
Ursula von der Leyen a salué la volonté forte et assumée de la France de peser sur les événements mondiaux, défendant la vision d'une France et d'une Europe plus souveraines et puissantes dans un “monde instable”, qui traitent d'égal à égal avec leurs partenaires et concurrents, que ce soit dans le domaine industriel ou commercial ou sur les enjeux de souveraineté numérique, alimentaire, spatiale ou militaire.
“La guerre de Russie en Ukraine nous montre aussi l'importance de garder la maîtrise des technologies de pointe et de développer considérablement nos capacités de défense. C'est ce que nous faisons. Restez ouverts au monde en étant réalistes et clairs sur nos valeurs et priorités. C'est ce que nous faisons”, a-t-elle déclaré.
Défendre des valeurs communes à l’intérieur et à l’extérieur des frontières
L’action de l’Europe, au-delà des enjeux économiques et de sécurité, tend à défendre ses valeurs et son modèle de société : les libertés individuelles, l'État de droit, la recherche permanente d'une société plus juste, inclusive. “Je crois profondément en la devise de votre République et en celle de notre Union européenne. Il faut faire vivre ces valeurs, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières”, a-t-elle affirmé.
À l'intérieur de ses frontières, l’Europe continue de promouvoir la place des femmes dans la société, combat les violences faites les femmes, comme toute autre discrimination ou encore le non-respect de l'État de droit. “Nous n'accepterons jamais que des fonds européens aillent vers des pays qui ne respectent pas les principes de la charte des droits de l'Homme, car l'Europe, c'est l'égalité et l'Europe, c'est la diversité”.
A l’extérieur de ses frontières européennes, l’Europe se conforme aux principes des Nations-Unies. A ce titre, la présidente a condamné très fermement l'opération militaire de l'Azerbaïdjan, qui a mené à l'exode de plus de 100 000 Arméniens dans la région du Haut-Karabagh, et réaffirmé son soutien absolu à l'intégrité territoriale de l'Arménie. Elle a d’ailleurs annoncé organiser avec les États-Unis une réunion conjointe de soutien à l'Arménie. Signe d’un premier pas dans le renforcement des relations bilatérales.
La présidente a tenu à clore son discours par “le plus vital” des combats actuels, celui contre l’invasion russe de l’Ukraine. “Nous n'accepterons jamais la loi du plus fort. Nous défendrons toujours la Charte des Nations Unies et le droit international”, a-t-elle assuré, rappelant que la réponse européenne face à invasion a été exemplaire.
Et de conclure face à ceux qui pensent que le soutien à l’Ukraine va baisser : “La France a été au rendez- vous de ses responsabilités et continuera de l'être. Nous soutiendrons l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faut, car défendre l'Ukraine, c'est défendre notre Europe et c'est défendre les valeurs de la France”.