Cette nouvelle offre est destinée aux acteurs du luxe et du retail.
Affiches Parisiennes : Pouvez-vous présenter Adone Conseil. Pourquoi avez-vous décidé de la racheter ?
Didier Zeitoun : Adone est une société de conseil en organisation et en systèmes d'information – comme Magellan Consulting –, spécialisée dans les secteurs du luxe et du retail ; Magellan Consulting s’adressant à tous les autres secteurs. Nous avons trouvé que nos activités étaient très complémentaires puisque, jusqu’à présent, nous couvrions tous les secteurs d'activité en France, sauf celui du Luxe et du Retail. Adone Conseil est spécialisée dans tous les projets autour de l'amélioration des process dans les sociétés du luxe allant du parcours et de l'expérience client à la partie supply chain et logistique, enjeux cruciaux pour les sociétés du luxe, en passant par la gestion des articles, et des référentiels. Nous nous sommes rapprochés des fondateurs d'Adone Conseil, François Grand et Faddil Farhan. Depuis quelques mois, leurs clients demandaient des compétences technologiques, en plus d'avoir des compétences métier sur la partie conseil SI et management. Pour mener à bien leurs projets, leurs missions, ils avaient besoin d'avoir des compétences sur les technologies, comme Salesforce, Microsoft, la cybersécurité, SAP – System Applications and Products, NDLR –, etc.
Avec Magellan Partners, nous couvrons les principales technologies recherchées par Adone Conseil et leurs clients comme Microsoft, Salesforce, AWS – Amazon Web Services, NDLR –, Google, la cybersécurité, SAP, etc. C’était notre projet industriel commun. Dans cette opération nous étions d’ailleurs en concurrence avec d’autres acteurs.
François Grand et Faddil Farhan nous ont choisis pour la cohérence de notre projet industriel et nos valeurs communes. De leur côté, ils vont continuer à développer le luxe et le retail, en France. Le deuxième élément important de notre projet, c'est le développement en Europe. Adone est déjà présente en Suisse avec une soixantaine de consultants. Ils sont également présents en Italie.
Pour l'ensemble du groupe Magellan Partners, nous allons construire un nouveau plan stratégique 2024-2028, entre septembre et la fin de l'année. Nous définissons notre plan de développement en termes d'offres clients en France et en Europe, ce qui ouvre le nouveau chapitre de Magellan Partners. L'objectif et l'ambition sont toujours les mêmes : rapprocher les métiers avec la technologie, en ayant des consultants métiers, des consultants aux compétences technologiques, pour réaliser des projets au service des directions métiers et des directions informatiques, au niveau européen. Notre développement cible aujourd'hui l'Italie. Pour le luxe, c'est indispensable d’y être présent.
Pour Magellan Partners, l'idée est d'être aussi présent en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Benelux, en Espagne et au Portugal. Voilà l’essentiel du prochain plan stratégique des cinq prochaines années 2024-2028.
Magellan Parners est une entreprise importante, avec 2 700 collaborateurs, des consultants dans tous les secteurs. Quel est le défi aujourd'hui ? On peut parler de l'intelligence artificielle générative, par exemple ?
Oui, l'IA générative est arrivée il y a environ six mois avec l'éclosion de ChatGPT. Elle a complètement bouleversé les entreprises par la capacité, la puissance de ce qu'on peut faire avec elle. Aujourd'hui, c'est l’une des rares fois où la technologie est en avance sur les métiers. Maintenant, il faut construire, inventer avec les entreprises des cas d'usage qui vont leur permettre de gagner en productivité, de prendre en compte des tâches à faible valeur ajoutée, de tâches répétitives. C'est très puissant.
Aujourd'hui, Microsoft est présent à travers sa prise de participation dans OpenAI, propriétaire de ChatGPT, et sécurise l'ensemble de l'utilisation de ChatGPT dans l'écosystème Microsoft avec Azure. Il y aura certainement d'autres offres d'IA générative proposées par d'autres grands opérateurs américains et peut-être même européens. On n’est qu’au début de cette vague de l'IA générative sur laquelle nous investissons beaucoup. Cela va mettre cinq, dix ans à se déployer, mais c'est fondamental. Il faut que l'ensemble des entreprises commence à adapter leur organisation, à améliorer leurs process et leurs systèmes d'information.
Comment sera assurée la protection des données ?
C'est le sujet le plus important dans l'IA Générative. Bien évidemment, les entreprises doivent évoluer dans des environnements totalement sécurisés. Dans ChatGPT, avec Azure, Microsoft offre un environnement qui garantit que les données de l'entreprise ne sont visibles par personne d'autre dans le monde, contrairement à ce qui existe aujourd'hui avec le ChatGPT “grand public”. Il y a d'autres offres qui vont aussi le garantir. C'est une garantie absolue nécessaire pour toutes les entreprises. Depuis plusieurs mois, nous accompagnons nos clients sur le terrain pour la mise en place et l’adoption de ces technologies : nous avons créé un portail d’entreprise privé, implémenté à partir des technologies Microsoft Azure Open IA qui permet à leurs collaborateurs de bénéficier de l’IA générative en toute sécurité.
Avec Adone Conseil, vous conseillez les entreprises dans le secteur du luxe. Vous avez déjà une expérience et un savoir-faire dans le domaine de l'assurance et des banques ?
Avant l'adossement d'Adone Conseil, nous couvrions les secteurs de la banque et de l'assurance, mais aussi les secteurs de l'énergie, des utilities, de l'industrie, des transports, de la santé et du secteur public. Avec le luxe et le retail, nous sommes parfaitement complémentaires, avec les mêmes profils de consultants, les mêmes compétences. Aujourd'hui, le luxe est une industrie qui est en très forte croissance dans tous les pays du monde et, en France, nous avons la chance d'avoir de très grands acteurs du luxe qui sont Worldwide.
Et dans le domaine de la RSE ?
Depuis plus de deux ans, nous avons considérablement renforcé notre politique RSE. Nous faisons énormément de choses, en interne, pour réduire notre empreinte carbone. Nous évaluons le bilan carbone du groupe et celui de chacun des consultants de Magellan Partners. Nous avons un plan de sobriété énergétique conformément aux demandes du Gouvernement. Nous avons pour objectif de réduire nos consommations énergétiques de 10 % d'ici à 2024. Pour nos clients, nous avons également des offres autour de la RSE. On travaille beaucoup sur tout ce qui est “green IT”. Le green IT, c'est aider les entreprises à baisser leur empreinte carbone dans leur utilisation du numérique (Data Centers, PC, smartphones, …). Ce qui est très important à savoir, c'est que l’utilisation et le recyclage des outils numériques dans le monde - smartphones, PC, serveurs, etc. –, émet autant de gaz à effet de serre que les avions. Peu de personnes le savent. Les directions générales l'ont de plus en plus en visibilité dans les entreprises. Nous les aidons à limiter leur empreinte carbone, à travailler sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre dans tous les datacenters des grandes entreprises, en France et dans le monde.
Le deuxième niveau est d'utiliser la technologie, appelée “IT for green” qui permet de réduire l'empreinte carbone dans les directions métiers en utilisant le numérique. Là, on quitte le monde de la DSI. Les directions commerciales, les directions de la supplychain, la production, quels que soient les secteurs d'activité, émettent des gaz à effet de serre. L'idée, c'est de voir comment on peut utiliser la technologie pour réduire leur empreinte carbone. Nous sommes au début de ce phénomène, mais il est présent dans l'agenda de toutes les directions générales. Il n'y a pas d'autre choix pour chaque entreprise que de réduire son empreinte carbone. Nous avons donc commencé à construire des offres RSE pour les aider.
Concernant la transformation digitale, vos missions s’inscrivent dans la durée ? Quel est le temps moyen d’une mission pour vos consultants ?
Nous avons commencé à travailler sur les transformations digitales en 2014-2015. Jusqu'à l'année dernière, nous avons travaillé pour les entreprises sur la construction de portails clients, de sites de e-commerce, et sur le développement d'applications mobiles. Depuis l'année dernière, nous assistons à la “saison 2” de la transformation digitale, durant laquelle les entreprises utilisent les technologies pour construire leurs nouveaux produits et leurs nouveaux services. C'est une deuxième vague d'investissement et de transformation digitale. Là, nous touchons au cœur du business des entreprises dans tous les secteurs d'activité. Maintenant, les produits vont être conçus avec des nouvelles technologies et cela va changer la nature même des produits. Par exemple, avant, il y a des industriels qui construisaient des plateformes pétrolières et elles en assuraient la maintenance. Aujourd'hui, elles sont en mesure de construire la plateforme pétrolière, de fournir tout le système d'information embarqué sur la plateforme, assurer sa maintenance, aussi bien sur la partie construction que sur la partie services.
Donc, ces industriels ne vendent plus un produit, mais un service. Ce sont des enjeux considérables puisqu’ils améliorent et changent le business model des entreprises. C’est aujourd'hui ce que nous faisons de plus en plus, en termes de projet de transformation digitale.
Quand on intervient sur la partie réflexion stratégique, l’approche des nouveaux produits des nouveaux services, la mission peut s’étendre sur 3 à 6 mois. Et nous travaillons sur la mise en œuvre, une fois les nouveaux produits et les nouveaux services construits, là, c'est en général un an à deux ans qui sont nécessaires pour la mise en œuvre.
Grâce à votre rapprochement avec Adone Conseil, votre groupe va s'agrandir. L'humain n'est pas du tout supprimé, malgré l'IA générative. Au contraire, il est encore très présent. Vous visez le recrutement de plusieurs centaines de personnes…
Oui, tout à fait. Cette année, avec Adone Conseil, nous allons recruter mille consultants, de profils différents. Le premier élément dont nous sommes très fiers, c'est que 40 % de nos recrutements sont faits par cooptation. Ce sont nos consultants qui cooptent des camarades de promo, des connaissances, etc. Bien sûr, nous utilisons aussi les cabinets de recrutement et, de plus en plus, les réseaux sociaux, Linkedin étant en tête. Dans le cadre de notre politique RSE, nous avons développé depuis quatre ans un grand programme d'inclusion.
Il y a cinq ans, nous avons créé des écoles sur l'intelligence artificielle et le cloud, avec Microsoft et d'autres partenaires. Là, c'est un programme d'inclusion qui consiste à prendre des demandeurs d'emplois, entre 19 et 39 ans, qui n'ont pas forcément de diplôme.
Microsoft les forme pendant neuf mois dans l'école que nous avons créée et que nous finançons avec les autres partenaires. Après, nous les recrutons dès l’alternance et nous les engageons. Nous avons d'autres programmes d'inclusion, notamment en reconversion professionnelle. Là, ce sont des gens qui ont un emploi, mais qui veulent se lancer dans le conseil ou la technologie. Ils vont dans des écoles comme Fitec, ISIKA, etc. Ensuite, nous les intégrons en alternance, en continuant leur formation, avant de les intégrer en contrat plus long. Par exemple, dans la promotion 2022, il y avait une biologiste d’environ 35 ans qui est venue se reconvertir dans les technologies.
Vous faites aujourd'hui tout pour attirer les talents. Et ce n'est pas toujours facile de recruter mille personnes en claquant les doigts. Donc, il y a une sorte d'attractivité que vous essayez de créer pour que les gens vous rejoignent ?
Oui, nous travaillons beaucoup sur tout ce qui est “qualité de vie au travail” pour que les consultants se sentent bien en travaillant chez nous et sommes fiers de figurer dans le TOP 5 des entreprises “Best Place to Work” en France. Nous avons des programmes dans lesquels chaque consultant est suivi par un manager sur le plan RH, dans la durée. Il construit son évolution de carrière sur son plan de formation personnalisé. Nos consultants peuvent, s'ils le souhaitent, prendre des responsabilités plus rapidement dans leur évolution de parcours professionnel que chez les plus grosses sociétés de conseil. Il y a beaucoup de place laissée à l'initiative. Par exemple, tous ceux qui veulent participer à notre Lab pour l'innovation le font. Nous sommes très à l'écoute.