A l’occasion de l’ouverture des travaux de la session nationale 2023-2024, dont la thématique d’étude choisie est "face à la guerre", la Première ministre Élisabeth Borne s’est adressée, le 13 septembre, à l’École militaire, aux auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). "Nous traversons une période de profondes mutations, avec le retour de la guerre en Europe, et des crises qui émergent dans le monde", a prévenu la cheffe du Gouvernement.
"La France dispose d’atouts solides"
Face aux difficultés actuelles, la Première ministre a indiqué : "La France ne veut pas entrer dans ce jeu mortifère d’une polarisation du monde en blocs antagonistes". Elle a ensuite ajouté : "Notre ambition, fixée par le Président de la République, demeure celle portée par le Général de Gaulle ou par le président François Mitterrand : être une puissance qui pèse sans alimenter une logique de confrontation, sans naïveté, avec lucidité".
"Une puissance capable de parler à tous, et en faisant valoir, dans le dialogue, ses principes et ses exigences", a insisté Élisabeth Borne, pour qui "face à ces défis immenses, la France dispose d’atouts solides".
Un débat au Parlement sur la stratégie militaire en Afrique
La Première ministre a aussi évoqué les engagements militaires en Afrique. "Certains discours voudraient faire croire à l’échec de notre engagement militaire dans les opérations Serval et Barkhane. Nous pouvons être fiers de ce qu’ont fait nos soldats au Sahel. Ils ont rempli leur mission : permettre aux pays que nous étions venus aider, à leur demande, de faire face aux groupes terroristes", a-t-elle salué.
Et d’ajouter : "Un peu plus d’un an après le départ du dernier soldat français du Mali, chacun peut mesurer combien notre présence sur place permettait de contenir la progression du terrorisme et contribuait à protéger les populations".
Face aux contestations de la présence militaire française dans plusieurs pays africains, le plus récent étant le Niger, la Première ministre a confirmé que le Parlement débattrait "à l'automne" de la stratégie de la France en Afrique.
De "véritables changements culturels"
La Première ministre a également annoncé que "la France doit s’adapter, pour toujours mieux ajuster la défense de nos intérêts aux défis à venir". Pour cela, elle a indiqué avoir initié de "véritables changements culturels, en particulier sur trois dimensions".
"La première, c’est de redonner toutes ses lettres de noblesse à la prospective et à la planification", "la deuxième dimension que nous voulons mettre en avant, c’est d’adapter notre politique d’influenceà l’évolution de la compétition mondiale", et "le troisième changement culturel qui nous attend, c’est de renforcer notre résilience collective", a listé Élisabeth Borne.
Au-delà de ces changements culturels, pour la Cheffe du Gouvernement, "mieux s’adapter en matière de défense, suppose aussi de renforcer nos capacités et nos organisations". Sur ce point, elle est revenue sur la loi de programmation militaire 2024-2030 et souligné : "le Parlement a consenti à un effort considérable de la Nation, au profit de nos armées". Aussi, elle a ajouté que "cet effort de 413 milliards d’euros sur sept ans n’est pas un luxe : il est la réponse de la France à la dangerosité et l’instabilité du monde. Cet effort, c’est celui d’un peuple qui veut rester libre et souverain, qui veut vivre en sécurité, et qui veut rester une puissance d’équilibres, capable de venir en aide et d’être solidaire avec nos partenaires et alliés".
Élisabeth Borne a conclu : "Grâce à la LPM, notre pays va disposer d’armées modernisées, cohérentes avec nos objectifs stratégiques et disposant d’une capacité d’entraînement de nos alliés. C’est pourquoi nous investissons sur les technologies de rupture, sur l’Intelligence artificielle, le quantique, les drones ou encore la cyberdéfense".