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Rencontre : Gilles Bösiger et Camille Boivin

Ensemble pour agir ! Un mouvement collectif et novateur

Gilles Bösiger et Camille Boivin sont respectivement président et vice-président du mouvement “Ensemble pour agir !”, qu’ils nous présentent.
Camille Boivin et Gilles Bösiger, vice-président et président du mouvement Ensemble pour Agir !
© AP - Camille Boivin et Gilles Bösiger, vice-président et président du mouvement Ensemble pour Agir !

ActualitéRégion Île-de-France & Grand Paris Publié le , Propos recueillis par Boris Stoykov

Ce nouveau mouvement a notamment pour ambition de réunir les experts-comptables et les commissaires aux comptes autour d’un projet commun et innovant, loin des clivages historiques et au plus près des besoins de demain.

Affiches Parisiennes : Gilles Bösiger, pouvez-vous nous présenter votre mouvement et nous parler de vos objectifs ?

Gilles Bösiger : Ensemble pour agir ! est un nouveau mouvement politique au sein de la profession que nous avons lancé en mai 2023. Il a été fondé par des confrères qui étaient déjà engagés dans la vie institutionnelle de la profession, par exemple Cécile de Saint-Michel, présidente du Conseil national de l’ordre, Virginie Roitman, présidente du Conseil régional de Paris et Vincent Reynier, président de la CRCC de Paris, ainsi que plusieurs autres élus. Nous avons souhaité lancer ce mouvement pour plusieurs raisons. En premier lieu pour s’accorder au changement de gouvernance du CNO intervenu en décembre dernier : trans-partisan, trans-syndicat. C’est une première au sein de la vie institutionnelle des experts-comptables. Nous avons voulu créer un mouvement qui diffère de ce qui existe, parce que nous sommes convaincus, que ce soit au niveau de la profession d’experts-comptables ou celle de commissaires aux comptes, que nous nous trouvons à un tournant majeur de notre existence.

Nous voulions réunir les forces vives de la profession, se défaire des combats historiques basés sur un clivage entre les deux syndicats, ECF-IFEC. Nous appelons à cesser ces luttes stériles, pour se réunir, créer des idées et un projet communs que tout le monde pourra soutenir, parce qu’il est temps d'avancer dans l'intérêt des confrères. En expertise comptable, la facture électronique et l'intelligence artificielle vont bouleverser nos activités. En commissariat aux comptes, il y a une inflation normative depuis quelques années et le sujet de la certification RSE est un tournant fondamental pour la profession. Si l’on n'est pas capable de se mettre d'accord entre nous, nous ne pourrons pas être entendus au niveau de nos tutelles respectives.


Camille Boivin, pourquoi avez-vous choisi de rejoindre ce mouvement en tant que vice-président ?

Camille Boivin : En tant que commissaire aux comptes, et comme beaucoup des élus comme moi de la CRCC de Paris, je me suis retrouvé dans l’ambition de ce mouvement. A la Compagnie de Paris, nous traitons des sujets majeurs pour la profession de demain. Nous croyons au bel avenir du métier d’auditeur et nous affichons notre volonté de maintenir son exercice par des cabinets de toutes les tailles et des professionnels libéraux. Cela nécessite une adaptation forte face à notre environnement réglementaire et aux contraintes qui s’imposent à nous : comment rester commissaire aux comptes malgré le rehaussement des seuils et tous ces mandats que nous perdons depuis quelques années ? Comment faire face à l’inflation normative ? Comment répondre efficacement aux contraintes imposées par notre tutelle, en matière d’obligations de formation, de déontologie ou de contrôle périodique d’activité ?

Il y a aussi des enjeux à anticiper, notamment dans le cadre de la transposition de la directive CSRD, avec de nouvelles missions attendues pour les commissaires aux comptes. Il nous parait essentiel d’emmener avec nous le maximum de confrères pour qu’ils soient, demain, en mesure de répondre à cette demande de la part de toutes les entreprises pour lesquelles nous travaillons déjà aujourd'hui, des plus grandes aux plus petites d’entre elles. Nos clients auront besoin de s’appuyer sur la confiance apportée par la signature du commissaire aux comptes.


Vous souhaitez donc un mouvement fédérateur ?

G. B. : Oui, et c’est d'ailleurs pour ça que nous avons fait le choix de ne pas se définir comme étant un syndicat supplémentaire. Sur le plan juridique, Ensemble pour agir ! n’a pas vocation à obtenir la représentativité patronale. Nous restons tout à fait ouverts à ce que nos membres puissent être syndiqués, nous avons d’ailleurs des adhérents qui occupent des fonctions institutionnelles au sein de ces syndicats. Ce qui est très important pour nous c’est de fédérer toutes les forces. Aujourd'hui, au niveau de l'Ordre national, Ensemble pour agir ! et le syndicat Ifec travaillent en union, ce que nous trouvons vertueux, parce que cela oblige à la discussion et permet de construire des projets qui soient acceptés par tous. Nous voulons poursuivre cette démarche jusqu'aux prochaines élections et au- delà. Nous avons beaucoup d'adhérents qui viennent chez nous parce qu’ils ne veulent plus choisir qu’une famille, celle des professionnels du chiffre.


Le mouvement est né en région parisienne, mais vous visez une représentativité nationale ?

G. B. : Initialement, Ensemble pour agir ! est le fruit de la transformation d’un ancien syndicat régional, en l'occurrence ECF Paris, mais il a vocation à être un mouvement national. Tout le monde peut adhérer, quelle que soit sa région. Nous avons d'ailleurs une part de plus en plus importante d'adhérents régionaux. Quelques régions s'intéressent à notre format, à notre mode de fonctionnement et nous pensons pouvoir obtenir, sur les douze mois qui viennent, des représentativités locales.

C. B. : Nous proposons des événements pour tous nos confrères, à l'échelle nationale. Par exemple, nous organisons les StarCac début décembre, un séminaire de trois jours destiné à former près de 300 confrères sur des sujets techniques en matière de commissariat aux comptes. Nous invitons d’ailleurs ceux qui ne le sont pas encore à s’inscrire pour profiter des dernières places disponibles. Pour la construction de nos propositions futures, nous avons créé plusieurs groupes de travail sur des thématiques au cœur de nos préoccupations, telles que l’exploitation de la data et de l’IA ou encore la réforme du diplôme. Nous incitons tous nos membres, quelle que soit leur provenance géographique, à participer à nos réflexions. Nous observons d’ailleurs un véritable engouement pour ces travaux, bien au-delà des frontières parisiennes ! Nous proposons ensuite à nos adhérents de voter ensemble sur les propositions que nous irons porter auprès de nos institutions, des pouvoirs publics ou au moment des prochaines élections professionnelles.


Vous prévoyez donc de participer activement aux élections ?

G. B. : Ensemble pour agir ! sera présent aux élections l’année prochaine, que ce soit au niveau national ou régional, au niveau de la Compagnie des commissaires aux comptes et de l'Ordre des experts-comptables.

© AP, Jérôme Giannesini, délégué général d’Ensemble pour Agir !, et Camille Boivin, son vice-président.

Vous avez très récemment édité un Livre blanc sur la valorisation des cabinets, avec des bonnes pratiques et des pièges à éviter. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

G. B. : Le Livre blanc que nous avons publié début septembre sur la valorisation des cabinets a été rédigé par un groupe de travail composé à la fois de professionnels et de partenaires de la profession. Ce Livre blanc a été diffusé aux Universités d'été de Paris début septembre et sera diffusé massivement lors du congrès de l'Ordre des experts comptables à Montpellier, fin septembre. Il est à l’image de notre mouvement, utile en lui-même mais aussi un prétexte pour s'interroger sur le modèle économique des cabinets. Il faut marquer l'esprit des confrères sur le fait que notre métier est en train d'évoluer, que ce soit en expertise ou en commissariat. Cela entraînera des conséquences sur la façon dont nous générerons du chiffre d'affaires et mécaniquement, sur la manière dont nous valoriserons les cabinets de demain. Il y a des tendances très profondes sur le business model et il faut en tenir compte. Notamment, apprendre à produire et vendre des missions est essentiel pour continuer à exercer en libéral au sein de cette belle profession.

C. B. : Au-delà même de ce livre blanc, notre objectif est de réfléchir ensemble aux futures modalités d'exercice de nos professions, et particulièrement dans le contexte de la mise en place de la facture électronique avec, à terme, la fin annoncée de la saisie comptable et d’obligations déclaratives qui constituent encore aujourd'hui une part significative du chiffre d’affaires de nos cabinets.


La facture électronique qui arrive est-elle un sujet que vous appréhendez ?

G. B. : C'est un sujet majeur, tout le monde a conscience que cela va profondément transformer notre activité. Il y a évidemment un combat à mener au niveau des cabinets, pour proposer de nouvelles missions, avoir une nouvelle approche client, leur être « utile ». Les institutions mettent des moyens colossaux pour accompagner les cabinets et c’est une excellente chose mais nous croyons aussi au partage d’expérience et à l’entraide entre confrères au sein de notre mouvement. Au-delà de cette démarche individuelle à développer, nous croyons aussi qu’une démarche collective est nécessaire.

Sur ces questions il faut du courage politique, nous ne pourrons pas échapper à la question fondamentale : « que sera l’expert-comptable demain, après la facture électronique ? »

Aujourd'hui, Bercy est dans ce nouveau paradigme de l'automatisation des flux comptables, avec une logique de collecte des données comptables sans intermédiaire, sans l’expert-comptable. Concrètement, à terme cela se matérialisera par un pré-remplissage des déclarations fiscales, notamment celles de TVA.

C’est pour cela qu’en juin dernier, le premier colloque que nous avons lancé était sur le statut de tiers de confiance. C'est l'une des voies pour permettre aux experts-comptables d'exister avec notre ADN de profession réglementée, en étant le garant de la donnée collectée.

Nous avons construit avec un groupe de travail des propositions que nous avons soumises au vote des experts-comptables présents, adhérents ou non. Dix ont été adoptées en plénière. Une semaine après, une délégation d'Ensemble pour agir ! s'est rendue à Bercy, dans le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre des PME, pour lui démontrer l'intérêt de ces propositions, pour la profession, mais aussi pour la tutelle. Je pense qu’il y a eu un vrai intérêt pour cette nouvelle démarche, qui prouve que la profession n'est pas dans l'immobilisme.


Camille Boivin, ne pensez-vous pas que l'expert-comptable évolue vers le commissariat aux comptes ?

C. B. : Vous savez, la profession de commissaire aux comptes évolue aussi, et vite. En matière de confiance, le commissaire aux comptes est véritablement partie prenante de ce que peuvent attendre les Pouvoirs publics et, au-delà, le grand public. Se dire que demain, nous serons les premiers interlocuteurs reconnus par notre tutelle, en l'occurrence le ministère de la Justice, en matière de certification des données extra-financières, est un enjeu sociétal important. Pour répondre à votre question, certains experts-comptables se tourneront très certainement vers le commissariat puisque nous comprenons que seuls les auditeurs légaux pourront s’exonérer d’une accréditation auprès du COFRAC s’ils répondent aux conditions d’éligibilité posées par le législateur dans le projet de texte transposant la directive CSRD. C'est évidemment un enjeu majeur pour Ensemble pour Agir que de favoriser la possibilité pour nos confrères d'intervenir avec cette casquette de tiers de confiance en matière de durabilité, à l’instar de la certification des comptes.


La formation, et les ressources humaines dans les cabinets, sont-elles importantes pour le mouvement ?

G. B. : Aujourd’hui, on ne croise pas un seul expert-comptable ou un seul commissaire aux comptes qui ne parle pas de problème de recrutement. C’est devenu le sujet majeur des cabinets. C’est un problème de ressources humaines beaucoup plus global : d’attractivité de la profession. Il faut se demander pourquoi est-ce qu’il y a autant de jeunes dans les filières de formation qui ne restent pas dans nos professions. Ensuite, il faut admettre que les professionnels de l’expertise comptable ne sont pas des spécialistes du management.

Certains cabinets ont néanmoins adopté des nouvelles démarches, parfois très novatrices, qu'il faut partager ensemble. Au fond, le problème de l'expert-comptable, ce n'est pas la technique, c'est d'arriver à rentrer dans une logique de gestionnaire d'entreprise. Pour cela, il faut avoir des ressources compétentes, disponibles, réactives. En mettant le paquet sur cette démarche RH dans votre cabinet, vous allez développer naturellement des missions, parce qu'on est rentré dans une logique où aujourd'hui, l'offre crée la demande. C'est un volet majeur aujourd'hui pour les experts-comptables qui entendent lancer leur propre cabinet.

C. B. : L’Ordre à Paris comme la CRCC de Paris se sont emparés du sujet de l’attractivité et ont engagé de nombreuses actions pour promouvoir nos professions auprès des jeunes. Pour l'ordre, c’est par exemple la création d’un site qui permet aux cabinets de se présenter et aux candidats de les contacter directement. A la Compagnie, le dispositif Make It Easy aide les étudiants les plus modestes à embrasser la filière de l'expertise comptable grâce à une bourse et au parrainage d’un confrère. Des centaines d'heures sont consacrées par les élus des deux institutions pour aller à la rencontre des jeunes dans leurs écoles, leur dire à quel point nous exerçons un beau métier et les convaincre de nous rejoindre. C'est un sujet sur lequel nous nous investissons énormément, pour trouver les bons talents et les aider à s’orienter vers les cabinets qui leur conviendront le mieux. Pour notre mouvement, nos enjeux sont multiples : ouvrir le débat d’une réforme du diplôme, inciter les jeunes à rejoindre nos professions bien sûr, mais aussi attirer un très grand nombre d’entre eux vers nos cabinets de petite taille et de taille intermédiaire.

Aujourd'hui, le mouvement Ensemble pour agir ! est un mouvement jeune, mais qui vise à grandir et à se développer. D’ailleurs, les cotisations ne sont pas très élevées ?

G. B. : Sur le plan de la construction et du mode de fonctionnement, nous sommes jeunes, certes, mais nous avons avec nous tout un panel de professionnels qui sont investis dans les instances depuis de très nombreuses années. Au sein de nos organes dirigeants nous avons des personnes qui ont occupé les plus hautes fonctions des institutions, telles que Laurent Benoudiz, Julien Tokarz anciens Président de l’Ordre des Experts-Comptables de Paris, Serge Anouchian, Farouk Boulbahri ancien Président de Compagnie Régional des Commissaires aux Comptes.

S’agissant des cotisations, ce sont 500 euros, ce qui est assez proche des tarifs des syndicats, et 125 euros pour les jeunes experts-comptables. Nous offrons des services équivalents, voire supérieurs notamment en termes de formation. L’offre est aujourd'hui très qualitative, même si peut-être moins dense. Nous proposons également un service de soutien en matière de questions fiscales et sociales, nous proposerons aussi bientôt des tarifs préférentiels avec certains partenaires. Évidemment, adhérer à un mouvement politique, c'est aussi participer à la construction d’idées et les soutenir. ça, c'est peut-être ce qui nous différencie des syndicats. Nous fonctionnons sous forme de groupes de travail dans lesquels n'importe quel adhérent peut participer, sous réserve d’y passer le temps nécessaire. C'est en ça que l'adhésion à Ensemble pour Agir est un modèle novateur.

C. B. : Nous sommes un mouvement jeune, mais déjà ambitieux et dynamique. Nous souhaitons aller rencontrer nos confrères sur tout le territoire pour faire émerger des idées innovantes et enthousiasmantes de toute part, leur proposer des formations, bien sûr, mais aussi leur adresser des publications techniques de haut niveau. Tout cela nécessite évidemment quelques ressources mais la cotisation est somme toute très raisonnable au regard de celles des syndicats historiques.

A l’occasion du Congrès de la profession à Montpellier vous organisez une soirée de présentation. Avez-vous un message à adresser aux congressistes ?

G. B. : Jeudi 28 septembre au soir, on a privatisé une partie de la plage pour organiser une soirée à laquelle tout le monde peut venir, adhérent ou non. L'inscription est gratuite, elle se fait en ligne. C’est une soirée festive que nous co-organisons avec des partenaires, nous les remercions d’ailleurs parce que c’est évidemment un évènement qui nécessite un investissement important. On a déjà beaucoup d'inscriptions mais il y a encore des places, donc venez nombreux !

C. B. : Nous aurons aussi un stand et nous invitons tout le monde à venir nous voir pour échanger sur nos idées, notre mouvement et nos propositions pour nos professions du chiffre. Nous accueillerons avec plaisir tous nos confrères et consœurs.

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