Jim Morrison, Oscar Wilde, Edith Piaf, Molière et La Fontaine, ou plus récemment Gaspard Ulliel... Après la parenthèse de la crise sanitaire, le lieu de repos des célébrités, aménagé au XIXe siècle et partiellement classé aux monuments historiques, a retrouvé ses 2 à 3 millions de visiteurs annuels, souvent perdus parmi les 70 000 sépultures. Et ainsi, son titre officieux de cimetière le plus visité au monde.
Depuis le belvédère où les visiteurs prennent place sur les bancs pour apprécier la vuepanoramique de Paris, certains descendent les escaliers pour se perdre dans les allées du cimetière, équipés de plans, cherchant à s'assurer d'être sur la bonne voie. À quelques mètres plus bas, le son du "Chant des partisans" se fait entendre, marquant la fin d'une cérémonie d'inhumation à laquelle assiste un groupe de personnes.
Cette scène est typique du Père-Lachaise, où environ douze agents d'accueil accueillent en moyenne 7 000 visiteurs par jour. Malgré cette affluence, l'atmosphère de respect et de tranquillité est prépondérante. Le conservateur Benoît Gallot, en fonction depuis 2018, résume le défi : "L'enjeu majeur est de permettre une cohabitation harmonieuse des différents publics et de minimiser les éventuelles tensions".
Une "renaturation" du site
Mais depuis la Covid-19, ce qui est aussi le plus grand parc de la capitale, mis à part les bois de Boulogne et Vincennes, avec 43 hectares abrite une colonie de renards, dont la découverte a fait la gloire de Benoît Gallot sur les réseaux sociaux.
Le conservateur les scrute depuis son logement de fonction, puis part à leur recherche une fois les visiteurs ramenés tant bien que mal à la sortie. Renardeaux, fouines, mésanges : ses clichés reflètent les efforts fournis pour la "renaturation" du site.
En 2015, la mairie a instauré une interdiction de l'utilisation de produits phytosanitaires dans les cimetières parisiens. Suite à cette décision, des éléments tels que les pissenlits, les orchidées sauvages, les luzernes et les trèfles ont commencé à réapparaître dans certaines allées, débarrassées de leurs dalles ou laissées en friche, à l'exception d'une petite bande tondue pour permettre l'accès aux tombes. De plus, un gazon a été installé en remplacement du gravier sur certains trottoirs.
Pour parvenir à un "équilibre" entre le besoin de recueillement et le "retour à la nature", les vingt cantonniers du cimetière choisissent de laisser la végétation croître dans les divisions où il n'y a pas de sépultures récentes, comme l'explique le responsable du cimetière.