« J’ai besoin que vous, chefs d’entreprises, associations et structures d’insertion par l’activité économique, vous vous implantiez en détention ». Attendu au centre pénitentiaire de Bois-d’Arcy par une soixantaine de chefs d’entreprises de toutes tailles (dont Accor, Carrefour et M6), de dirigeants d’associations d’insertion et d’aide aux victimes (Emmaüs, France Victimes), Éric Dupond-Moretti a vanté les mérites du travail en détention. Il s’agit, pour le ministre de la Justice d’un outil de réinsertion et d’un levier essentiel contre la récidive.
Un Tour de France du travail pénitentiaire
Aussi, après cet événement, qui a marqué le lancement du Tour de France du travailpénitentiaire, d’autres suivront dans chaque région du pays. En effet, pour le ministre, l’objectif est clair, atteindre au moins 50 % de personnes détenues ayant une activité professionnelle rémunérée, contre 31 % aujourd’hui. « Au-delà d’une forme de flexibilité, grâce à une main d’œuvre d’appoint et une capacité à s’adapter à l’évolution de vos carnets de commande, le travail pénitentiaire est une opportunité, pour les entreprises, de se constituer des viviers de recrutement sur des métiers qui peuvent être en tension », a argumenté le ministre de la Justice, après avoir échangé avec plusieurs acteurs déjà engagés pour le travail en prison, dont Yoti. Cette start-up, créée il y a deux ans, emploie des détenus du centre pénitentiaire de Bois-d'Arcy, pour reconditionner et commercialiser des jouets de seconde main. Depuis le mois d’octobre, son atelier accueille 30 opérateurs.
« Je soutiens, grâce à l’essaimage des structures d’insertion et des entreprises adaptées, comme Yoti, le développement de l’insertion par l’activité économique pour que nos publics, même les plus éloignés de l’emploi, accèdent au travail en détention », a insisté le ministre de la Justice.
Éric Dupond-Moretti rappelle le cadre légal
A cette occasion, Éric Dupond-Moretti a aussi rappelé avoir donné un véritable cadre au travail en prison, en mettant en place un contrat d’emploi pénitentiaire. Cet outil permet aux détenus salariés de toucher jusqu'à 45 % du Smic, tandis que les cotisations sociales sont prises en charge par l'Etat. « Le sens de l’effort n’est pas, même en détention, un sens interdit », a souligné le garde des Sceaux, se disant convaincu que la réinsertion passait en premier lieu par l’insertion professionnelle.
« C’est un projet intéressant et surtout utile pour la société », a ensuite salué Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, estimant que les entreprises devaient contribuer à l’intérêt général. « Le travail est actuellement remis en cause par certains messages, alors que c’est un pilier essentiel de notre société », a-t-il conclu.