AccueilSociétéInégalité des chances : l’origine sociale, le facteur prépondérant

Inégalité des chances : l’origine sociale, le facteur prépondérant

Dans une nouvelle note d’analyse, l'organisme France Stratégie se penche sur les raisons et les facteurs de l’inégalité des chances en France. Parmi elles, il en ressort que l’origine sociale est une raison décisive dans le processus
Cette note se base sur une enquête menée sur 100 000 individus âgés de 31 à 46 ans en 2018, pour une moyenne de 38,5 ans, soit un âge où la position sur le marché du travail est relativement stabilisée.
© Adobe Stock - Cette note se base sur une enquête menée sur 100 000 individus âgés de 31 à 46 ans en 2018, pour une moyenne de 38,5 ans, soit un âge où la position sur le marché du travail est relativement stabilisée.

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L’expression “inégalité des chances” suggère que les individus ne disposent pas de chances équivalentes en matière de réussite sociale en raison de leurs caractéristiques familiales, individuelles ou du contexte dans lequel ils ont grandi. L’idée que l’inégalité des chances est particulièrement marquée dans notre pays est largement partagée. Afin de lutter contre ces disparités, l'organisme France Stratégie a établi les caractéristiques qui influencent, ou non, les trajectoires des individus : le pouvoir prédictif du sexe, de l’environnement familial et territorial sur le niveau de revenu d’activité perçu pendant la première partie de la vie active.

Cette note se base sur une enquête menée sur 100 000 individus âgés de 31 à 46 ans en 2018, pour une moyenne de 38,5 ans, soit un âge où la position sur le marché du travail est relativement stabilisée.

L'origine sociale, principal facteur

De toutes les caractéristiques étudiées, l’origine sociale s’avère la plus déterminante en termes de revenu d’activité. En moyenne, 1 100 euros net par mois séparent le quart des personnes d’origine favorisée du quart des personnes d’origine modeste, à origines migratoire et territoriale comparables. En d’autres termes, 90 % de l’écart brut provient de l’effet net de l’origine sociale et 10 % des autres caractéristiques.

À origine sociale donnée, les écarts de revenus selon le lieu de résidence à l’adolescence et surtout l’ascendance migratoire sont de moindre ampleur. Si l'on compare les individus qui ont grandi dans la région la plus riche, l’Île-de-France, et les deux régions les plus pauvres (Nord-Pas-de-Calais et Languedoc-Roussillon), l’écart est de 600 euros par mois. Les 8 % du total de l’échantillon ayant grandi dans une zone urbaine sensible (ZUS) perçoivent en moyenne 500 euros de moins par mois que ceux qui ont grandi en milieu urbain hors ZUS. Cette forte disparité selon le territoire d’habitation se ressent au travers des générations. Ainsi, un individu d’origine sociale favorisée sur quatre a grandi en Île-de-France. C’est un sur sept pour ceux d’origine modeste et 3 % ont grandi en ZUS. Les descendants d’immigrés ont plus souvent des parents ouvriers et employés et ont également davantage grandi dans une ZUS que les personnes d’origine favorisée.

De fortes disparités de revenus selon le sexe

Le sexe d’une personne est le deuxième facteur déterminant qui joue le rôle le plus important dans les inégalités sociales. Les hommes d’origine favorisée gagnent le double des femmes d’origine modeste. Dans la note d’analyse de France Stratégie, on constate en effet que les hommes d’origine favorisée perçoivent un revenu d’activité moyen plus de deux fois supérieur à celui des femmes d’origine modeste (3 300 euros contre 1 500 euros). Les deux catégories à plus faibles revenus à l’âge adulte sont les femmes d’origine intermédiaire et modeste.

Ces écarts moyens ne doivent pas occulter la très grande hétérogénéité des revenus au sein même des six catégories (à âge, origines territoriale et migratoire comparables). Ainsi, parmi les hommes d’origine sociale favorisée, on constate une différence de 5 000 euros mensuels entre le seuil des 10 % les plus rémunérés et celui des 10 % les moins bien rémunérés. Ce rapport est deux fois plus grand chez les femmes.

Il y a donc inégalité des chances selon le sexe, mais pas de déterminisme social puisque certaines femmes d’origine modeste perçoivent des revenus élevés, et certains hommes d’origine favorisée perçoivent des revenus faibles. À titre d’illustration, 11 % des femmes d’origine modeste percevant les revenus les plus élevés gagnent davantage que la moitié des hommes d’origine favorisée.

Des inégalités dues à des “canaux” différents

En conclusion du rapport, France Stratégie rappelle que pour chacune des deux caractéristiques influençant le plus le revenu à l’âge adulte (origine sociale et sexe), un canal spécifique est à l’œuvre. « Si les écarts entre origines sociales sont avant tout liés à des parcours éducatifs différents, les écarts entre hommes et femmes sont davantage le fait de leur situation sur le marché du travail (temps partiel, inactivité, poste occupé, etc.), à parcours éducatif équivalent ». L’arrivée des enfants a ainsi un effet très important sur le revenu des femmes, quelle que soit leur origine sociale.

Les personnes qui cumulent les différentes caractéristiques défavorables, soit les femmes d’origine modeste descendantes d'immigrés d'Afrique et ayant grandi en ZUS dans une région pauvre, perçoivent un revenu moyen de 1 000 euros par mois. 60 % de l’écart de cette catégorie à la moyenne s’explique par l’origine sociale et le sexe.

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