Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a émis un arrêté daté du 9 octobre, qui dispose une "interdiction des distributions alimentaires" sur une période d'un mois, allant du 10 octobre au 10 novembre. Cette interdiction s'appliquera dans une zone "délimitée" englobant les 10e et 19e arrondissements, spécifiquement neuf rues situées dans le quartier densément peuplé aux abords des stations de métro Stalingrad et Jaurès.
La préfecture de police a établi que ces distributions alimentaires, du fait de leur caractère fréquent, entraînent une augmentation de la population bénéficiaire de ces actions, et qu'en conséquence, elles encouragent la création de campements dans la région du boulevard de la Villette. Cette zone est connue pour rassembler des migrants, des personnes aux prises avec des problèmes liés à la drogue et des personnes sans domicile fixe.
La préfecture précise avoir pris cette interdiction pour éviter les "attroupements", les "débordements sur la voirie", certaines échauffourées ainsi que la présence de toxicomanes ont conduit "pour la première fois" le préfet de police à prendre un tel arrêté sur ce secteur parisien en raison de "troubles à l'ordre public".
"Beaucoup ne vont pas manger"
Les associations réagissent vivement contre cette interdiction de distribution alimentaire. Philippe Caro, un responsable du collectif Solidarité Migrants Wilson, l'une des organisations concernées par cette mesure, déclare avec insistance : "Il n'y a jamais eu d'incidents sur nos sites de distribution".
"On complique la vie des associations et des gens, sans jamais résoudre leurs problèmes. On va juste le déplacer, mais avec les Jeux olympiques qui arrivent, on sent que la pression monte et là les toxicomanes vont servir de prétexte pour virer tout le monde" du nord de Paris, estime-t-il.
"Beaucoup ne vont pas manger ce soir", déplore, pragmatique, le président de l'association Une chorba pour tous, Abdenour Dadouche. Son organisation fait également partie de celles qui distribuent des denrées au métro Jaurès tous les soirs pour 500 personnes.
À Paris, les personnes concernées pourront toujours se tourner vers "d'autres services" de restauration solidaire, d'épicerie sociale ou de colis alimentaires dans le 19e arrondissement selon le préfet de police. Ces solutions apportent "une offre alimentaire suffisante", explique-il.