A l’occasion de l’Assemblée permanente du Mouvement des entreprises de France (Medef) du 14 novembre, son président Patrick Martin avait invité le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. Durant cette matinée, dans les locaux de l’organisation patronale, le mot d’ordre était le rôle commun de l’école et des entreprises pour "apaiser et éclairer" la France.
"Vous êtes ici chez vous", a introduit Patrick Martin, soulignant qu’il s’agit de la première intervention d’un ministre de l’Éducation nationale dans les instances du Medef. "Nous sommes soucieux que l’école entre dans l’entreprise, et qu’autant que possible, l’entreprise entre dans l’école. Le temps où le monde de l’entreprise et celui de l’école étaient cloisonnés est révolu. Une bonne partie du chemin a été accomplie, il nous appartient à tous d’accélérer", a poursuivi le président du Medef.
Le Medef mobilisé pour rapprocher l’Éducation nationale et l’entreprise
Juste avant de laisser la parole au ministre de l’Éducation nationale, Patrick Martin a indiqué : "Nous sommes tous quotidiennement mobilisés, dans nos fédérations, et nos territoires pour contribuer à cet indispensable et très fructueux rapprochement entre les membres de l'Éducation nationale et de l'entreprise". Rappelant au passage que, le 27 novembre prochain, débuterait la Semaine École-Entreprise, une initiative du Medef.
"Nous devons travailler plus ensemble", a lancé Gabriel Attal, à l’Assemblée permanente du Medef. Il a poursuivi en rappelant différentes causes importantes pour "permettre aux élèves de s’épanouir et d’être heureux à l’école", notamment la lutte contre le harcèlement scolaire, le renforcement des fondamentaux, ainsi que le respect des valeurs de la République et de la laïcité.
"Tout cela est indispensable et est au cœur du projet que je porte pour l'École de la République. Former des républicains, former des citoyens éclairés, c'est le rôle de l'École. Mais former des citoyens, c'est aussi préparer chaque jeune à sa vie d'adulte et en particulier à sa vie professionnelle. L'école y joue bien sûr un rôle majeur", a déclaré Gabriel Attal.
Réforme du lycée professionnel inédite et fondamentale
Le ministre de l’Éducation nationale est ensuite revenu sur la réforme du lycée professionnel, "fondamentale" puisque ce cursus correspond à un tiers des lycéens, mais aussi à "deux tiers des décrocheurs". Toutefois, il a tenu à préciser : "Ce n'est pas la faute des élèves, ce n'est pas la faute des enseignants, c'est la faute d'une organisation qui n'avait pas été revue et d'absences de choix politiques d'investir sur le lycée professionnel ces dernières années".
La transformation des formations de la voie professionnelle scolaire sera "inédite", permettra "de renforcer les périodes de stage" et "d’indemniser les stagiaires à la charge de l’État". Gabriel Attal a souri en évoquant ce dernier point : "C'est l'ancien ministre du Budget qui vous le dit, il y aura 400 millions d'euros pour indemniser les stages. Cela sera un moyen de renforcer la motivation de nos jeunes, leur persévérance scolaire, et leur implication dans l'entreprise".
Pour que cette réforme fonctionne, Gabriel Attal a lancé un message aux entreprises. "Nous ne pouvons pas mener une bonne politique d'orientation sans le concours des acteurs du tissu économique. Cela devrait relever de l'évidence pour tout le monde", a-t-il assuré.
Deux semaines de stage obligatoire en Seconde dès 2024
Le ministre a ensuite appuyé sur deux points : les immersions en entreprises et la mise en place d’un stage de deux semaines pour les élèves de Seconde.
"Les immersions en entreprise, de même que les interventions en classe doivent permettre de faire découvrir la diversité des métiers. Ces temps d'immersion, durant lesquels l'entreprise et le professeur organisent une visite de site et parfois même une classe en entreprise en reliant l'enseignement aux secteurs d'activité visités, sont extrêmement précieux", a-t-il déclaré.
L’objectif de Gabriel Attal est clair, il veut faire en sorte que, tous les ans, chaque collégien puisse "faire au moins une immersion", et que ces dernières "lui permettent, sur la durée de sa scolarité, de découvrir différents secteurs d'activité sur son territoire". Pour mettre en place ces échanges entre les collèges et les entreprises, le ministre a avoué aux membres du Medef : "J'ai tout autant besoin de vous, de l'engagement et du concours des acteurs économiques que vous contribuez à fédérer localement et nationalement".
Pour aller plus loin dans ces immersions et près de 20 ans après l’instauration des stages de troisième, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé : "Nous allons donc franchir une nouvelle étape en instaurant des stages obligatoires de deux semaines en seconde générale et technologique. Ces stages se tiendront du 17 au 28 juin 2024". Pour les élèves des quartiers prioritaires de la politique de la ville, Gabriel Attal a promis une plateforme pour accéder à "des stages de qualité", sur le modèle de celle des élèves de troisième.
Le Medef "sur-mobilisé" autour de ces enjeux
Les dates de ces stages pour les Secondes n’ont d’ailleurs pas été choisies au hasard. "Cela s'inscrit dans l'objectif de reconquête du mois de juin que j'ai fixé", a précisé Gabriel Attal. Il a poursuivi : "J’assume de dire qu’il faut aller jusqu’au bout de ce mois. Je ne me suis pas fait que des copains chez les collégiens et les lycéens". En effet, pour la première fois de l’histoire, le ministre a décidé de positionner les épreuves du brevet début juillet, et celle des spécialités du baccalauréat le plus tard possible, en juin.
Ainsi, "tous nos lycéens et tous nos collégiens seront en formation jusqu'au dernier jour du mois de juin. Les premières et les terminales seront en épreuve du baccalauréat. Les secondes auront un stage pendant 15 jours", a insisté le ministre. "C'est bon pour la reconquête du mois de juin, mais c'est aussi bon, encore une fois, pour l'orientation", a-t-il ajouté.
Pour répondre à tous ces enjeux, le ministre de l’Éducation nationale a envoyé un message aux entreprises : "Nous avons besoin de vous. J'assume de solliciter votre engagement et celui des entreprises pour nous aider à réussir une politique d'orientation efficace aux bénéfices de nos élèves et donc, in fine, aux bénéfices de vos secteurs d'activité." Patrick Martin a répondu directement au ministre en promettant au nom du Medef : "Nous allons être sur-mobilisés autour de ces enjeux".
A quelques jours du lancement de la Semaine Ecole Entreprise #SEE, nous accueillons @GabrielAttal à notre Assemblée Permanente. Une invitation pleine de sens dans une période où l’école et l’entreprise ont, plus que jamais, un rôle à jouer pour apaiser et éclairer notre pays. http://pic.twitter.com/fNrr8idVj4
— Patrick Martin (@patrickmartin_1 ) November 14, 2023