AccueilActualitéRégion Île-de-France & Grand ParisLa production de logements neufs à l’arrêt

La production de logements neufs à l’arrêt

Les chiffres des logements neufs pour le troisième trimestre 2023 sont tous dans le rouge et les mesures mises en place pour amortir le choc ne sont pas suffisantes.
“En 2023, on est sur une baisse globale du logement neuf de moins 50 %”, constate Pascal Boulanger, président de la FPI France.
© AP/Antonin Albert - “En 2023, on est sur une baisse globale du logement neuf de moins 50 %”, constate Pascal Boulanger, président de la FPI France.

ActualitéRégion Île-de-France & Grand Paris Publié le ,

Lorsque Pascal Boulanger, président de la fédération des professionnels de l'immobilier (FPI France) reçoit les journalistes pour présenter les chiffres des logements neufs au troisième trimestre 2023, il montre une mine grincheuse et peu positive.

Et il y a de quoi, quand on l’écoute ouvrir la conférence de presse avec ces mots :“Je croyais que fin 2022 nous avions touché le fond, j'annonçais des chiffres catastrophiques et je prophétisais une année 2023 difficile. Aujourd’hui, je me rends compte que le mot “difficile” était un doux euphémisme. En 2023, on est sur une baisse globale du logementneuf de - 50 %”.

Les indicateurs nationaux ne montrent aucun signe d’un retournement favorable de la conjoncture immobilière. Si la tendance se poursuit, moins de 90 000 logements seront vendus en 2023. Pascal Boulanger prévient donc que même si les chiffres repartent fortement à la hausse en 2024, les professionnels de l'immobilier ne disposeront pas d’une très grande offre de logements neufs à proposer aux clients, les permis de construire étant, eux aussi, en berne.

© DR - Les indicateurs nationaux ne montrent aucun signe d’un retournement favorable de la conjoncture immobilière.

L’offre de logements en baisse constante

Au cours du troisième trimestre 2023, les autorisations de logements ont de nouveau diminué dans toutes les catégories, selon les données officielles. Les professionnels observent une baisse constante de 29,2 % par rapport à la même période en 2022, et une diminution de 28,3 % sur une période de 12 mois. Cette diminution est en partie expliquée par un effet de base, conséquence de la forte augmentation des permis accordés en 2022. Cependant, les volumes restent significativement plus bas qu'auparavant.

Pour le président de la FPI France, “ce nouveau constat ne fait que confirmer la situation catastrophique dans laquelle se trouve le logement en France. Faute d’acquéreurs, les promoteurs n’ont d’autre choix que de retarder ou d’abandonner des opérations nouvelles. Ce sont autant de logements nouveaux qui ne seront pas sur le marché dans les 2 à 3 ans qui viennent. De conjoncturelle, la crise est devenue structurelle”.

La situation la plus préoccupante réside probablement dans le niveau exceptionnellement bas des constructions lancées. Ces dernières n'ont pas suivi la tendance des autorisations accordées. La situation s'est nettement détériorée, tant pour les maisons individuelles que pour les immeubles collectifs. En effet, le nombre de logements collectifs effectivement lancés est l'un des plus bas enregistrés au cours des 15 dernières années (en dehors de la période de la Covid), avec seulement 27 500 logements lancés en trois mois.

Un objectif : amortir le choc

La dégradation de la conjoncture et l’insuffisance de l’offre dans le neuf conduisent à la correction brutale des ventes totales de ces derniers mois, avec -30,6 % au 3ème trimestre 2023 par rapport au 3ème trimestre 2022. “Les chiffres sont sans appel : les mesures visant à amortir le choc, mises en œuvre par le Gouvernement avec l’aide d’Action Logement et CDC Habitat, sont très utiles mais restent insuffisantes”.

Par ailleurs, les réservations nettes au détail chutent de 46,6 %. Les ventes aux investisseurs particuliers reculent de 58,6 %, et les ventes aux propriétaires occupants, de 36,5 %. “D’autres mesures, puissantes et d’application immédiate, sont indispensables pour éviter la crise structurelle qui s’installe et dont il sera très difficile de sortir : disparition de l’offre, exclusion des accédants, parcours résidentiel bloqué, marché locatif à l’arrêt, destruction de l’appareil de production, casse sociale en termes d’emplois”, rappelle Pascal Boulanger.

“Nous perdons du savoir-faire”

Cette crise structurelle entraîne aussi des conséquences secondaires, mais qui sont le reflet du terrain. “Un nouveau phénomène se produit depuis quelque temps, nous perdons des collaborateurs, et donc nous perdons du savoir-faire, prévient Pascal Boulanger.

Les commerciaux du monde du bâtiment étaient habitués à des salaires très corrects. Or, ça n’est plus le cas maintenant, et beaucoup changent de métier. Certains promoteurs constatent que les départs de leurs collaborateurs ne sont pas synonymes d’arrivées. “Une pénurie arrive dans les années qui arrivent”. Malgré tous ces indicateurs immobiliers dans le rouge, tous les professionnels espèrent que les chiffres de l’immobilier vont entamer une pente positive en 2024, mais rien n’est moins sûr.

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 21 avril 2023

Journal du21 avril 2023

Journal du 14 avril 2023

Journal du14 avril 2023

Journal du 07 avril 2023

Journal du07 avril 2023

Journal du 31 mars 2023

Journal du31 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?