Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, écrit à ses troupes. Alors que le mouvement de protestation parti de Marseille s'étend au sein de la police nationale, le préfet rappelle aux policiers parisiens leurs obligations et leurs devoirs. Laurent Nuñez a demandé à chacun de ses fonctionnaires de "mesurer le tort qu’il ferait s’il s’aventurait à délaisser le service des autres", dans une lettre à ses agents que l'AFP a pu consulter.
Obligation de protection des habitants
"Vous savez que je répondrai toujours présent pour votre défense. Je considère ce rôle comme une obligation, comme un honneur même, à la hauteur de l’exigence de votre mission. Cela implique évidemment des attentes de ma part", a écrit Laurent Nuñez.
"Comme vous, je ne conçois ainsi pas que nous ne répondions pas collectivement présents pour protéger, chaque jour et chaque nuit les habitants de l’agglomération (...). C’est dans cet esprit que j’appelle chacune et chacun d’entre vous à mesurer le tort qu’il ferait s’il s’aventurait à délaisser le service des autres, fondement du respect et de l’admiration que l’immense majorité de nos concitoyens vous porte", a-t-il poursuivi.
La police n'est pas au-dessus des lois
Dans ce courrier, le préfet rappelle que "non, la police n’est pas au-dessus des lois", ajoutant "et quand il y a des comportements individuels déviants, ils sont sanctionnés". Le préfet a redit à ses agents sa "fierté" d'être (leur) "chef", et conclu: "vous pouvez compter sur moi comme je sais pouvoir compter sur vous".
Dans une interview au Parisien, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a souhaité la libération du policier, indiquant qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail". Laurent Nuñez avait déclaré sur Twitter (rebaptisé X cette semaine), qu'il partageait ces propos. Des propos qui ont provoqué une vague d'indignation chez les magistrats et dans la classe politique.
Je partage les propos du DGPN.
— Laurent Nuñez (@NunezLaurent) July 23, 2023
Fier d’avoir été préfet de Police des Bouches-du-Rhône et aujourd’hui à la tête des 30 000 policiers de Paris et de l’agglomération parisienne. https://t.co/vD0NZYDxmA
Mouvement de colère des policiers
Depuis, de nombreux policiers dans plusieurs régions de France, comme dans les Bouches-du-Rhône ou en Seine-et-Marne, se mettent en code "562", synonyme de service minimum, voire en arrêt maladie, pour protester contre l'incarcération à Marseille de l'un de leurs collègues, sous le coup d'une enquête sur des violences policières. Un homme de 21 ans aurait été roué de coups par plusieurs policiers dans la nuit du 1er au 2 juillet, lors des émeutes qui ont embrasé le pays après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre.