Le bâtiment francilien espérait que 2022 soit l’année de la sortie de crise. Mais l’inflation, l’envolée des prix des matériaux et de la construction neuve brident la reprise du secteur. Selon les premières estimations régionales de la Cellule économique régionale de construction et des matériaux d’Île-de-France (CERC IDF), le chiffre d’affaires 2022 de la filière devrait augmenter de 4,6 % et atteindre plus de 38 milliards d’euros, compte-tenu de l’augmentation générale des prix. Néanmoins, hors effet prix, le volume de production fléchit légèrement de 0,7 % entre 2021 et 2022, et reste en retrait de la dynamique croissante enregistrée au niveau national, et de sa hausse de 3,8 %.
Légère croissance pour l’entretien-rénovation, le logement neuf en retrait
Le bâtiment francilien tarde à retrouver son niveau d’avant crise, entre 2019 et 2022, puisqu’une baisse de son volume d’activité de 11,7 % a été révélée. Cette croissance atone cache des évolutions contrastées entre les différents segments d’activité des entreprises en Île-de-France.
Des estimations ont été faites sur la totalité de l’année 2022 par la FFB Grand Paris Île-de-France qui estime que le secteur de l’entretien-rénovation devrait croître de 0,5 % en volume par rapport à 2021. Ce marché a notamment été aidé par le lancement du dispositif MaPrimeRénov’.
Du côté de l’activité du logement neuf francilien, le 1er semestre 2022 a été marqué par de moindres mises en chantier et des reports de travaux. En comparaison avec la même période en 2021, les mises en chantiers de logements se replient de 16,1 %.
Porté par le commerce, les locaux agricoles et les entrepôts, le secteur non-résidentiel neuf affiche quant à lui, une hausse de ses mises en chantier de 20,6 %. Au global, les estimations à la fin de l’année 2022 pour les constructions neuves devraient être en baisse de 2,1 % de volume, malgré les grands travaux des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 et du Grand Paris Express. Le segment neuf se dit « fragilisé par le faible niveau des permis de construire délivrés ces deux dernières années et attend l’attribution des marchés des JOP 2024 ». En effet, un engagement a été pris pour attribuer un quart du montant global aux TPE/PME et entreprises d’Île-de-France.
Des marges de progression espérées pour la fin d’année 2022 et pour 2023
Cependant, la FFB reste optimiste pour l’avenir. « Les chiffres des permis de construire qui dessinent l’activité de la construction neuve pour les mois, voire les années à venir, sont relativement encourageants. Toutefois, ils sont boostés par un choc temporaire ». Une augmentation du nombre de permis de construire autorisés est assez significative sur l’année 2022, avec 21,1 % pour les logements et 22,7 % pour le non-résidentiel. Pour que les éclaircies ne soient pas passagères et afin de favoriser l’investissement locatif, la fédération demande « un aménagement du dispositif Pinel en maintenant des taux de réduction d’impôt attractif en 2023 et 2024 ».
Sur le territoire francilien, de nombreux travaux de rénovation sont à réaliser. En effet, une estimation fait état de 1,2 million de passoires énergétiques pour des résidences principales. Le marché de l’entretien-rénovation a donc incontestablement un fort potentiel. Cependant, la FFB estime que « le coût des travaux reste un frein à la rénovation énergétique des biens des ménages et des entreprises ». Elle réclame donc « une indexation des aides sur le coût des travaux et de rétablir, en 2023, le crédit d’impôt en faveur de la rénovation énergétique des locaux tertiaires des TPE/PME ».