Les zones commerciales se sont développées depuis les années 1960. D’après Bercy, elles concentrent aujourd’hui les trois quarts des dépenses des Français dans les magasins, sont plus de 1 500 et s’étendent sur près de 500 millions de mètres carrés. Marquant en profondeur le paysage, comme les territoires, le Gouvernement a jugé bon de s’attaquer à leur transformation.
Dans cette optique, lundi 11 septembre, à Bercy, la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme Olivia Grégoire, et le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu ont lancé le programme de transformation des zones commerciales.
Fruit d’un travail de concertation de neuf mois avec une soixantaine d’acteurs (architectes, urbanistes, élus locaux, commerçants, foncières, juristes, aménageurs…), cette nouvelle expérimentation arrive après le programme Action Cœur de Ville, pour revitaliser les centres-villes, et le plan reconquête du commerce rural.
Les zones commerciales ont atteint leurs "limites"
Ces zones commerciales n’ont cessé de s’étendre et de se diversifier durant des décennies. Elles sont devenues le commerce de proximité de millions d’entre nous. Elles offrent tous les services d’une ville, pour autant elles ne sont pas devenues des villes, parce qu’elles ne sont pas à hauteur humaine, pas révélatrices d’une transition, mais plutôt d’une rupture entre entre d’une part, le centre-ville et son patrimoine, et d’autre part, la campagne et ses paysages.
- Olivia Grégoire
Ainsi, pour la ministre, "dans un monde qui prend conscience de ses limites, la zone commerciale a atteint les siennes, parce qu’il n’est plus possible et encore moins entendable de grignoter une terre agricole qui nous nourrit". Il faut donc "donner un nouvel horizon à ces 1 500 zones commerciales". "Notre enjeu est de les adapter aux défis de notre temps, ceux environnementaux et territoriaux, mais aussi aux défis économiques et sociaux", a affirmé Olivia Grégoire.
Baisser les délais de réaménagement des zones commerciales
De son côté, Christophe Béchu a indiqué qu’à l’heure du "zéro artificialisation net", il y a un enjeu : "faire en sorte que nous puissions consommer moins d’espaces agricoles, naturels ou forestiers pour limiter un étalement urbain", qui est "au cœur d’une problématique de transition écologique et de cohésion". Selon le ministre, il est nécessaire de "repenser la ville" et de "la construire autrement".
"Nous avons des enjeux écologiques majeurs, à savoir comment on évite d'avoir des bâtiments qui sont des passoires thermiques", a poursuivi Christophe Béchu, qui espère diviser par deux les délais actuels pour réaménager ces zones commerciales. "Ce n'est pas un problème d'argent. Ce qui bloque aujourd'hui ce sont les réglementations, ce sont les délais, les procédures d'autorisation", a-t-il reconnu.
"Favoriser la mixité d’activité"
"Notre enjeu n’est pas de constater, ou de réagir comme trop souvent le politique le fait, mais de penser et d’anticiper la transformation, et la réalité de ces zones commerciales à horizon des 60 prochaines années", a annoncé Olivia Grégoire. Pour cela, Christophe Béchu a indiqué que le Gouvernement envisage de "favoriser la mixité d’activités", en permettant "des logements dans certaines zones commerciales", en plus des commerces et des bureaux.
Pour amorcer cette transformation des zones commerciales, qui sera différente dans chaque zone, le Gouvernement a ainsi lancé une expérimentation auprès des collectivités, des aménageurs et des acteurs privés ayant l’appui de la collectivité territoriale d’implantation pour des projets de transformation. Les porteurs de projet devront se manifester auprès des préfectures, qui effectueront une pré-sélection des dossiers. Une enveloppe de 24 millions d’euros doit permettre de financer des études préalables et de recruter un chef de projet pour accompagner la transformation d’une vingtaine de zones. Les lauréats seront désignés en deux temps, fin 2023 puis début 2024.
"Un enjeu humain et social"
Aussi, le projet de loi Industrie verte, en discussion au Parlement, devrait également lever certains blocages réglementaires, en permettant de déroger par exemple sur le plan local d'urbanisme (PLU) ou de réduire les délais.
Enfin, les deux ministres ont annoncé la mise en place d’une task force. Cette équipe sera notamment chargée d’un accompagnement sur mesure des projets lauréats, de remonter directement aux ministères les obstacles et de créer un guide juridique opérationnel à destination des collectivités et des aménageurs.
Pour conclure, Christophe Béchu a déclaré :
Nous sommes sur un sujet qui concilie parfaitement la façon dont nous concevons notre planète. Nous baissons nos émissions, et améliorons notre bilan carbone. Enfin, selon lui, "le fait de se préoccuper des lieux où les Français de toutes origines, de toute classe sociale se croisent, et se retrouvent pour leurs achats, ou ils se rassemblent et partagent des moments ensemble est important". Il faut "faire en sorte d’avoir des zones qui donnent envie, et ceci n’est pas seulement un enjeu écologique ou commercial. C’est aussi un enjeu humain et social.