Les annonces des chiffres de la conjoncture économique du bâtiment en Île-de-France se suivent, et se ressemblent toutes. Peu importe le syndicat ou l’organisme professionnel, les chiffres franciliens et nationaux sont tous dans le négatif. Cette tendance n’a rien de nouveau et est une crise supplémentaire qui vient s’ajouter à une longue liste : la Covid-19 en 2020, la crise des matériaux, la crise de l'énergie, etc.
Le secteur du bâtiment est confronté à une nouvelle crise majeure, celle du logement. “Le deuxième trimestre 2023 pour le bâtiment d'Île-de-France fut marqué par une crise du logement qui n'a désormais plus rien d'une supposition. Les répercussions sur les entreprises du bâtiment sont conséquentes. Défaillances d'entreprises, pertes d'activité, trésorerie en berne et nous craignons une année 2024 extrêmement compliquée”, explique, d’un ton grave, Edouard Durier, vice-président chargé de l’Economie à la Fédération française du bâtiment (FFB) du Grand Paris Île-de-France.
“La crise du logement est actée en Île-de-France”
Si la crise du logement connaît un écho particulier ces derniers mois, la FFB Grand Paris Île-de-France rappelle que dans la Région, le manque de logements neufs est une réalité depuis plus de dix ans.
Selon leurs chiffres, les permis délivrés en Île-de-France baissent 14,6 % sur 12 mois et de 22,8 % en France. Les mises en chantier chutent de façon plus importante au niveau national (-13 %), et en Île-de-France (-9,4 %). “Malgré le léger décalage avec les chiffres nationaux, la crise du logement est actée en Île-de-France et ses répercussions seront extrêmement problématiques pour nos entreprises, puisque le neuf constitue 47 % de notre chiffre d'affaires”, se désole Edouard Durier.
Lorsque l’on regarde à une échelle départementale, cette crise ravive les disparités territoriales. Dans le Val de Marne, la mise en chantier de logement est en hausse de 28 %, quand ce chiffre est de - 28,5 % à Paris. “La première région de France connaît de fortes disparités entre ces territoires qui peuvent s'expliquer par des réalités économiques différentes, mais aussi le manque de foncier disponible pour de nouveaux projets et notamment à Paris”, analyse la FFB.
10 millions de mètres carrés de bureaux vides
Si la branche du non-résidentiel neuf résistait ces derniers mois, la courbe semble là-aussi s'infléchir. Les surfaces commencées sont en baisse de 14 % au niveau régional. Le marché de bureaux, dynamique ces dernières années, connaît une période très compliquée. Les taux de vacances sont très inégaux en fonction des localisations : 20 % de taux de vacances en première couronne Nord et la Défense contre 3,5 % à Paris.
“La baisse de la population active, le télétravail et le coût élevé à la location font que les besoins en bureau diminuent. Il y aurait près de 10 millions de mètres carrés de bureaux vides sur les 55 millions en Île-de-France. Une chute drastique de la construction neuve en non-résidentiel pourrait se profiler si la tendance n’évolue pas positivement”, constate Edouard Durier. Selon lui, il ne faudrait pas que ce décrochage agisse comme une seconde lame de fond et plonge le non résidentiel en crise.
Revaloriser d'un milliard d'euros par an MaPrimeRénov'
En ce qui concerne l'entretien rénovation en Île-de-France, avec une augmentation de 1 % d'activité sur la région en glissement annuel sur le deuxième trimestre 2023, c’est la hausse la plus faible de France. “Malgré tout le potentiel de cette branche en Île-de-France, les entreprises qui sont en capacité de répondre aux besoins n'en n'ont pas la possibilité, du fait notamment du mauvais fléchage des aides à la rénovation des particuliers”, estime la FFB.
Cette dernière explique accueillir avec satisfaction le rehaussement du budget pour 2024 de MaPrimeRénov'. Néanmoins, la FFB Grand Paris propose de revaloriser d'un milliard d'euros par an pendant cinq ans son budget, afin d’atteindre les objectifs du Gouvernement en matière de rénovation énergétique. “Les professionnels sont formés, qualifiés et prêts à relever le défi de la rénovation énergétique. Nous savons faire, nous pouvons faire. Il suffit juste de nous autoriser à le faire”.
Si l'activité d'entretien rénovation ne décolle pas en Île-de-France, l'activité du bâtiment à fin d'année 2023 risque d'en être grandement impactée. Selon la FFB, il y a un risque d’une baisse 4 % de l’activité par an sur le territoire national d'ici 2025 et une destruction de 100 000 emplois.