Au second trimestre, la "production" de ces crédits immobiliers s'est effondrée de 40,8 % par rapport à la même période de 2022. C’est l’un des constats faits par l'Observatoire Crédit Logement/CSA dans une nouvelle note publiée cette semaine.
Avec 150 milliards d'euros de prêts attendus pour l'ensemble de l'année 2023, elle reviendrait au niveau de 2015, a commenté lors d'une conférence Michel Mouillart, professeur d'économie et responsable de la présentation des résultats de l'étude. Alors que la Banque de France présente souvent le ralentissement du marché comme une normalisation après un cycle d'année faste, Michel Mouillart a balayé cette interprétation, évoquant "un effondrement et non pas un assainissement ou un atterrissage".
La banque centrale et l'Observatoire s'opposent depuis plusieurs années sur les chiffres et la méthodologie. Pour 2022, l'Observatoire avait ainsi évoqué une baisse d'environ 20 % tandis que la Banque de France parlait d'un repli de 3 %.
Selon le courtier Meilleurtaux, la demande de prêts a baissé de 20 % sur un an au premier semestre, notamment du fait de la hausse des taux. Le taux moyen des nouveaux crédits immobiliers est passé de 1,20 % en janvier 2021 à 3,08 % en mai, selon les données de la Banque de France.
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Les légères baisses des prix de l'immobilier "n'ont pas du tout compensé la baisse de la capacité d'emprunt", a souligné pour sa part Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux. Le nombre de dossiers non finançables, du fait d'un taux d'endettement bien supérieur à celui exigé par les autorités, est ainsi passé de 22 % en janvier 2021 à 33 % en juin 2023, selon Meilleurtaux.
Une lueur d'optimisme semble pourtant pointer à l'horizon. "Il est probable qu'à l'automne, nous aurons atteint le fond de la piscine" et "un redémarrage lent de la production de crédit" peut être attendu pour l'été 2024, a noté Michel Mouillart.
Selon Maël Bernier, si les taux d'intérêt sont attendus à 4 % à l'automne, il est probable qu'ils se stabilisent un certain temps pour atteindre un palier avant 2024, et ainsi permettre au secteur de reprendre un peu d'air, surtout si les banques commencent à revenir sur le marché du crédit immobilier, qu'elles avaient délaissé ces derniers mois.