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Les députés se mettent aux réseaux sociaux

A l’Assemblée nationale, certains députés misent sur l’utilisation des réseaux sociaux pour se distinguer et toucher un plus grand nombre de Français, en espérant aussi séduire sur le fond.
Les députés misent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour se distinguer des autres dans l'Hémicycle.
© Adobe Stock - Les députés misent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour se distinguer des autres dans l'Hémicycle.

Société Publié le ,

TikTok, Instagram ou Twitter… les réseaux sociaux sont de plus en plus prisés à l’Assemblée nationale. A travers des phrases chocs, des formules choisies et des effets de manche, certains députés assument parfaitement de construire leurs prises de parole pour toucher le plus grand nombre sur les réseaux sociaux, en espérant également séduire sur le fond.

Cette démarche pour se distinguer dans l’Hémicycle est notamment utilisée par les députés Insoumis, perçus comme des précurseurs. Ugo Bernalicis a d’ailleurs récemment avoué « se concentrer pour ne pas hurler au micro lorsqu’il y a du brouhaha », sinon « à la vidéo, le son de ma voix sature tandis que le bruit de l’Assemblée est atténué ». Le député du Nord a également expliqué qu’il « prend soin de décrire ce qui est en train de se passer » pendant son intervention, ou encore de « répéter les insultes non captées par le micro, pour que ceux qui regardent la vidéo comprennent tout le contexte ». L'Insoumis David Guiraud excelle aussi à ce jeu-là. Ses discours dans l’Hémicycle ont atteint les 11,5 millions de vues sur son compte TikTok, qu’il nourrit de références à la culture populaire et muscle par de multiples effets de montage.

Le format des interventions colle à celui des réseaux sociaux

Président de l'Assemblée nationale de 2017 à 2018, François de Rugy se souvient avoir été abordé par Jean-Luc Mélenchon en tout début de législature. Le leader de la France insoumise avait une demande : accéder au flux vidéo de l'Assemblée en direct. « Rétrospectivement, j'ai réalisé qu'ils avaient réfléchi au découpage des extraits. Ils étaient à la pointe sur ces questions », s’est remémoré François de Rugy. A la manœuvre, Antoine Léaument, à l’époque responsable de la communication numérique de la France insoumise. Aujourd'hui député de l'Essonne, il avait comme objectif « de faire sortir les débats de l'Assemblée nationale ». Une idée d'autant plus exploitable que le format des interventions des députés colle à celui des réseaux sociaux. En effet, depuis 2009, le temps de parole lors des questions au Gouvernement est limité à deux minutes.

Accusée d'alimenter des comportements outranciers, la tendance ne plaît pas à tout le monde : « On se fait parfois traiter de "députés tiktok" », a indiqué Antoine Léaument. Pour François de Rugy, ce phénomène est « un retour de la fonction tribunitienne de l'Assemblée, qui la décrédibilise ».

Les autres députés s’attaquent aussi aux réseaux sociaux

Mais les députés de la France insoumise ne sont pas les seuls à avoir formaté leur prise de parole aux réseaux sociaux. Karl Olive, député de la majorité, a reconnu que « c'est une façon de rapprocher le politique du citoyen ». Marie Neihouser, docteur en science politique et spécialiste des comportements politiques en ligne, a déclaré que « les réseaux sociaux sont un moyen pour les élus de se constituer un capital numérique, d’acquérir une audience considérable sur internet, qu'il s'agit ensuite de convertir en "capital politique", sans quoi les bénéfices de cette communication s'estompent ».

Désormais, même des députés plus anciens savent se mettre en scène sur les réseaux sociaux pour maximiser leur audience. Jérôme Guedj, 51 ans, en a récemment fait la démonstration, en publiant une vidéo de lui devant le ministère de la Santé, puis en créant un long fil Twitter pour expliquer son « contrôle inopiné » à la direction de la sécurité sociale. « Il y a 10 ans, si j'avais fait ça, il n'y aurait sans doute pas eu de reprises. Aujourd'hui, mon fil sur les 1 200 euros a été vu près d'un million de fois », a-t-il expliqué, assurant avoir « improvisé » la séquence.

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