Entre avril 2022 et mars 2023, les réservations de logements neufs auprès des promoteurs ont chuté de près de 40 % à 18 000 unités, selon les statistiques dévoilées par le ministère de la Transition écologique.
Les origines de cette crise sont identifiées. D'une part, la rapide augmentation des taux d'intérêt qui impacte le pouvoir d'achat des emprunteurs. D'autre part, la hausse des coûts de construction qui se reflète dans les prix de vente.
La réduction annoncée par le Gouvernement des aides à la construction neuve, notamment la suppression prévue de la niche fiscale Pinel et la recentralisation des prêts à taux zéro, suscite également des inquiétudes au sein du secteur.
Dans ce contexte, les promoteurs immobiliers ressentent les effets négatifs. Les réservations de logements neufs ont chuté de 36 % chez Vinci, tandis que les autres filiales du géant du BTP (construction, énergies, autoroutes, etc.) affichent une solide performance.
"Depuis environ trois ans, nous observons les signes précurseurs de cette crise, et nous constatons que les solutions proposées par nos dirigeants et gouvernants ne sont pas à la hauteur des enjeux de notre secteur", a critiqué en juillet le PDG du groupe, Xavier Huillard. Une tendance similaire est observée chez Bouygues, où le chiffre d'affaires de la branche immobilière a reculé de 14 % au premier semestre.
Se diversifier pour survivre
Avec des réservations de logements en baisse de 20 % au premier semestre, le premier promoteur français, Nexity, a dû abaisser ses objectifs financiers pour 2023, tablant désormais sur un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros à la fin de l'année, contre 4,5 milliards jusqu'ici.
Pour diminuer son exposition aux soubresauts du marché de la construction, le groupe a déjà entamé sa diversification au-delà de la promotion immobilière, son cœur de métier historique. Il entend devenir un "opérateur global d'immobilier", présent dans tous les métiers de l'immobilier et servant tous types de clients, particuliers, professionnels ou collectivités.
Allant encore plus loin dans sa stratégie de diversification, Altarea s'est engagé en début d'année dans des domaines tels que les entrepôts logistiques, les data centers et les installations photovoltaïques. Au cours du premier semestre, il a considérablement réduit ses investissements dans le domaine de la promotion immobilière, en achetant nettement moins de terrains constructibles.
Alain Taravella, le président d'Altarea, a souligné que le groupe "assumait la forte baisse des résultats qui en découle" dans un communiqué. Le groupe a connu une perte nette de 18 millions d'euros au premier semestre, contre un bénéfice de 327 millions d'euros l'année précédente. Alain Taravella a affirmé qu'Altarea était en mesure d'adopter une politique plus radicale grâce à son modèle diversifié et à sa solide assise financière. Il a également souligné que le groupe misait grandement sur la construction écologique, en mettant l'accent sur les bâtiments en bois et la rénovation des logements.