En cas de circonstances jugées exceptionnelles, les autorités ont la possibilité de déroger à la formule de calcul qui prend en compte, d'une part, la hausse des prix et, d'autre part, les taux interbancaires des derniers mois, auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme.
C'est ce qui s'était passé en février 2022 lorsque la Banque de France avait proposé d'arrondir le Livret A à 1 %, au lieu de 0,8 %, puis en février 2023, mais dans l'autre sens cette fois, lorsque l'institution avait proposé 3 % au lieu de 3,3 %.
Cette fois-ci, si l'inflation se maintient à 4,5 % sur un an en juin, lors de la publication du chiffre définitif de l'Insee ce 13 juin, la formule de calcul du Livret A devrait aboutir à un taux entre 4 % et 4,1 %, selon les experts. Ce taux "aurait comme avantage d'être proche de l'inflation et de garantir un rendement réel faiblement négatif voire nul", a commenté dans une note Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne.
Un possible compromis à 3,5 %
Plusieurs acteurs du secteur ont, à l'inverse, déjà plaidé pour un maintien à 3%, comme la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui gère 60 % des montants déposés par les quelque 55 millions de Français détenteurs d'un Livret A. "L'épargnant a été protégé quand les taux sont devenus négatifs" il y a quelques années, avec un plancher (maintenu) à 0,5%, a rappelé Alexandre Holroyd, député Renaissance et président de la Commission de surveillance de la CDC.
"Une hausse du taux du Livret A, de 3 % à 4,1 %, coûterait 1,87 milliard d'euros de surcharge annuelle d'intérêts aux bailleurs sociaux", explique dans une note Eric Dor, directeur des Études économiques de l'IESEG School of Management.
Dans ce contexte, "il est difficile de concilier ces intérêts contradictoires et les autorités pourraient choisir une solution de compromis avec une augmentation du taux du Livret A à 3,5 %", estime Eric Dor. Une prédiction partagée par Philippe Crevel.