Le 17 octobre dernier l’ex Premier Ministre, Édouard Philippe, avait déclaré publiquement que Pierre-Yves Bournazel “ferait un bon Maire de Paris”. Il nous présente aujourd’hui sa philosophie politique et sa méthode de travail pour une alternative positive, inédite, non dogmatique et non partisane pour Paris. Un projet d’avenir opérationnel au plus près des besoins des Parisiennes et des Parisiens, à construire avec eux.
Affiches Parisiennes : Vous avez récemment annoncé votre préparation aux élections municipales, comme candidat à la mairie de Paris. N'est-ce pas un combat un peu difficile ?
Pierre-Yves Bournazel : C'est un combat important pour moi, parce que tout cela vient de loin. Je suis élu de l'opposition municipale à Paris depuis maintenant 15 ans. J'ai acquis une compétence sur les dossiers, une connaissance de la vie quotidienne des Parisiens et des Parisiens, une connaissance de la diversité des quartiers et des villages qui composent Paris. Je me suis fait une certaine idée de l'avenir de la capitale, du Grand Paris et j'ai pu nouer une relation de confiance avec nombre de Parisiens et de Parisiens. Aujourd’hui, je pense qu'il faut construire une nouvelle vision et une stratégie pour Paris et le Grand Paris. Il faut construire un projet autour de solutions très claires et opérationnelles pour améliorer le quotidien des Parisiennes et des Parisiens et nous rendre collectivement fiers de Paris. Cela nécessite un immense travail. C'est la raison pour laquelle nous l'engageons très tôt, fort de la légitimité qui est la mienne. Je me sens prêt à construire une offre politique positive et inédite, pour une alternative à Paris.
Ma légitimité, c'est ma fidélité à Paris. La fidélité, c'est un gage de sincérité et le mandat de maire est un mandat de sincérité.
Comment convaincre les Parisiens, qui ont élu une majorité à gauche, que l'alternative peut être meilleure pour eux, pour Paris ?
Ces dernières années, chacun d’entre nous a pu mesurer que notre ville changeait. Parfois positivement, mais souvent avec le sentiment que la qualité de vie, l’attractivité, le rayonnement culturel, l’efficacité économique, l’expression du beau n’étaient plus au rendez-vous et qu’aujourd’hui un nombre important de politiques publiques n’atteignaient plus les objectifs fixés.
Au fond, Paris mérite mieux que la gestion actuelle et ses habitants méritent un meilleur service que ce qu'ils ont aujourd'hui avec les 10 milliards d'euros de budget de la ville. On ne prend plus assez soin de Paris. Il est venu le temps d'une nouvelle respiration démocratique, d'une offre politique qui prépare l'avenir. Et c’est seulement en travaillant à un projet solide et légitime que nous construirons ce changement. Mon objectif c’est de travailler à l’élaboration d’une vision d'avenir avec les Parisiennes et les Parisiens pour qu'au prochain mandat, nous ayons un cap clair pour imaginer le Paris des années 2030 et 2040. Et ce en matière de transformation écologique, d'attractivité économique, de rayonnement culturel, et surtout en matière de qualité de vie. Il est nécessaire de donner la possibilité aux Parisiennes et aux Parisiens de s'épanouir dans leur ville, d'être fiers de la capitale et de redonner le goût de vivre à Paris à celles et ceux qui l'ont quitté ou à celles et ceux qui aspirent à y venir. Sur ces objectifs-là, nous pouvons rassembler et fédérer largement.
2026 ne peut pas être une revanche ou une vengeance, mais l'occasion de renouveler profondément le débat municipal parisien. Que vous ayez voté Anne Hidalgo ou non en 2014 et en 2020, vous êtes les bienvenus pour construire cette alternative positive. Car cette alternative, je ne la construis pas seul.
J'associe à cette démarche des hommes et des femmes qui pensent et font la ville, en lançant, dès le 9 novembre, un rendez-vous mensuel, les "Conversations Parisiennes". Le premier invité sera Jean-Robert Mazaud, un architecte urbaniste avec lequel j’échangerai sur le concept de la “ville désirable”.
De la même façon, j'ai construit autour de moi une équipe de femmes et d'hommes, d'horizons différents, qui ont des compétences sur les dossiers et qui viennent challenger mon expérience pour que l'on soit le plus performant possible.
Et surtout, je vais, avec mes équipes, à la rencontre de collectifs d'habitants dans tous les arrondissements de Paris. Ça a toujours été ma méthode. Nous sommes en train de la faire monter en puissance pour qu'au plus près des réalités, nous puissions faire participer toutes celles et tous ceux qui ont l'envie de construire ce changement, dans un état d'esprit non dogmatique et non partisan, mais dans une volonté de servir Paris.
Ces conversations parisiennes visent donc à faire rencontrer les Parisiens avec des personnalités ?
Oui, c’est un moment de discussion et de réflexion, à la fois exigeant et constructif. Elles seront organisées chaque mois, dans un arrondissement différent, autour de personnalités différentes. Elles partageront leurs expertises locales, leurs idées, leurs récits forts sur tous les sujets qui nous occupent au quotidien : l'urbanisme, les déplacements, l'économie, l'innovation, la transformation écologique, les solidarités, la lutte contre la grande précarité, le sport, la culture, le soutien à la création, le soutien aux petits commerces…
À côté de ça, plusieurs fois par semaine, je suis et je serai avec des collectifs d'habitants pour échanger sur leurs sujets de préoccupation, sur leurs propositions, sur leur envie de s'investir pour leur ville, dans tous les quartiers de Paris.
Comment les Parisiens sauront-ils où et quand ces rencontres auront lieu ? Comment allez-vous communiquer là-dessus ?
Nous avons déjà des Parisiens qui nous aident et qui diffusent autour d'eux notre travail. Puis, de par mes déplacements dans tous les quartiers de Paris, on continue d'informer sur ce que l'on fait. Enfin, évidemment, grâce aux réseaux sociaux : sur LinkedIn, Facebook, Instagram et autres, nous informons toutes celles et tous ceux qui sont intéressés pour participer, contribuer, réfléchir, travailler, proposer, écouter, dialoguer avec nos invités.
Est-ce grâce à ces conversations que vous allez forger une partie de votre programme, ou l'adapter ?
Ces Conversations vont participer à nourrir notre réflexion. Le travail de terrain dans tous les arrondissements ainsi que mes déplacements dans les métropoles, notamment européennes et internationales, vont aussi largement y contribuer . Paris a des réussites, mais aussi des retards sur beaucoup de sujets, et il faut, en respectant notre tissu urbain, notre sensibilité et nos différences, pouvoir s'enrichir des expériences qui ont pu être menées ici ou là.
Pensez-vous que les électeurs de gauche sont capables aujourd'hui de changer d'avis pour les prochaines élections ?
En tout cas dans le 18ème, qui est un arrondissement plutôt à gauche, j'ai su au fil des années, convaincre des hommes et des femmes sur une démarche de sincérité, de fidélité, sur une méthode de travail non-clanique, non partisane, et établir une relation de confiance. Il y a des gens venus de la droite, du centre, de la gauche qui sont déçus par la gestion de madame Hidalgo. Il y a également celles et ceux qui sont venus de la société civile et qui ne se retrouvent pas forcément dans les partis et qui savent qu'ils ont, dans ma démarche, la possibilité de s'investir pour Paris.
Je sais travailler avec les autres et j'ai su faire la démonstration, comme élu de Paris, et hier comme député, de ma liberté de ton, de mon indépendance d'esprit et de ma sincérité et fidélité au service de Paris et rien que de Paris.
Nous avons deux ans et demi pour monter en puissance et pour convaincre que ce chemin-là est un chemin possible pour une alternance réussie.
Quels sont les challenges actuels pour la municipalité parisienne ? Les Jeux olympiques de 2024 ?
Bien sûr, il faut réussir ces Jeux Olympiques et Paralympiques, parce que c'est l'occasion de montrer au monde notre savoir-faire. Paris a l’occasion d’être la vitrine du monde. Ce ne sont pas seulement des athlètes de haut niveau qui vont concourir pour des médailles, c’est aussi toute une population qui va bénéficier d’infrastructures sportives à l’école et dans les lieux publics et qui contribueront à leur santé et leur bien-être. J'ai toujours eu le sens de l'intérêt général, donc j'essaie d'apporter mon soutien et mes propositions pour faire réussir Paris et la France dans le cadre de l'organisation de ces Jeux. Par exemple, sur le retrait, pour des raisons de sécurité, des boîtes vertes des bouquinistes pour la cérémonie d'ouverture, j'ai proposé de les mettre sous scellés, pour éviter de les sortir et permettre aux bouquinistes de pouvoir de nouveau travailler juste après, car ils sont l'âme de Paris. Je regrette que ces solutions n’aient pas été reprises.
Mais il y a des défis qui dépassent ces Jeux. Aujourd'hui, il manque un cap et personne ne sait où l’actuelle majorité municipale souhaite nous emmener. Il faut une nouvelle stratégie pour dessiner l’avenir de notre ville. Par exemple, sur la question budgétaire, Anne Hidalgo a doublé l'endettement de Paris, sans avoir amélioré la qualité de vie au quotidien, tout en faisant payer sa mauvaise gestion en augmentant la taxe foncière. J'ai proposé, déjà l'année dernière, en responsabilité, un plan d'un milliard d'euros d'économie sur une mandature. Cela comprenait notamment la suppression de la flotte automobile pour les élus et fonctionnaires de la ville, la fin du journal papier, la fin de jetons dans les conseils d'administration pour les élus et un grand plan de lutte contre l'absentéisme à la ville de Paris.
Je veux que Paris maintienne une politique forte en matière d'investissement, sans endetter la ville et sans augmenter les impôts locaux. La seule solution, c'est de réduire les dépenses. On fera peut-être moins de projets, mais on en fera toujours, plus écologiques, plus verts, plus beaux et qui correspondent davantage aux attentes des Parisiennes et des Parisiens.
La salubrité publique est un sujet qui préoccupe beaucoup de Parisiens, notamment avec la question des punaises de lit ou des rats. On a l'impression que la lutte contre ces fléaux est en échec. Que faudrait-il faire pour y remédier ?
Il faut prendre soin de Paris parce que quand on aime sa ville, on s'en occupe. Les sujets du quotidien doivent être pris à bras-le-corps un par un. Il y a une dégradation d'un certain nombre de services, d'où la saleté des rues.
J'ai alerté la ville et j'ai fait des propositions, dont la privatisation de l'ensemble de la collecte des ordures ménagères à Paris, parce que les rapports de la Chambre régionale des comptes montrent que dans les arrondissements où elle est privée, ça fonctionne mieux. De manière pragmatique, je privatiserais l'ensemble de la collecte pour que les agents dans les arrondissements qui faisaient la collecte municipale aillent sur le terrain, pour davantage nettoyer nos rues. Il faut aussi un grand plan d'éveil et de civisme, qui peut passer par les associations et par les écoles.
Mais il faut aussi sanctionner les incivilités. C'est la raison pour laquelle, je demande que la police municipale monte véritablement en puissance, qu'elle soit davantage visible et davantage sur le terrain. Il faut la doter de moyens et d’effectifs à la hauteur de ses missions et malheureusement aujourd’hui, ça n’est pas le cas.
Autre sujet : le travail d’intérêt général. J'ai fait rentrer dans la loi Dupond-Moretti le dispositif “Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies”, pour infliger une peine de réparation aux personnes véritablement inciviques et lutter contre la récidive. J’aurais aimé que la Ville s’en empare pleinement et soit moteur dans la mise en œuvre de ce dispositif.
Sur la question des punaises de lit, comme élu de Paris, j'aide depuis des années beaucoup de familles parisiennes à obtenir des interventions de bailleurs ou de syndic de copropriété, pour avoir des interventions efficaces et rapides. C'est un problème qui existe malheureusement depuis longtemps. En tant qu’élu local de proximité, ce sont des sujets que je connais, que j'ai appréhendés et dont je sais qu'il faut des solutions d'efficacité immédiate. J’ai travaillé à plusieurs propositions, à la fois sur le volet préventif mais également post-contamination. Je propose par exemple que la Ville lance une inspection sanitaire de tous les foyers de contamination potentiels à Paris. Je pense par exemple aux laveries, aux EHPAD, aux résidences universitaires mais aussi dans les logements, en partenariat avec les bailleurs sociaux. Je propose également d’accompagner les Parisiennes ou les Parisiens qui voient leur logement infesté. Face à la galère de trouver la bonne entreprise de décontamination, je propose de lancer un système d’agrément municipal des acteurs de la décontamination qui permettrait aux Parisiens de faire appel à des professionnels offrant une prestation sûre, efficace et à bon prix.
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Vous avez abordé le sujet du Grand Paris. Comment voyez-vous la coopération avec la métropole du Grand Paris ?
Il faut aller plus loin, plus vite et plus fort. Lutte contre la pollution, déplacements, circulation, mobilité, logement, attractivité économique, rayonnement, c'est à l'échelle du Grand Paris que nous devons agir. Je serais prêt à mettre au pot commun un certain nombre de compétences pour agir plus efficacement. Nous avons un destin commun, partagé et nous devons être en capacité demain de construire un plan local d'urbanisme du Grand Paris, un plan de déplacements et de circulation du Grand Paris, une stratégie de logement du Grand Paris, un plan de lutte contre la pollution du Grand Paris, et non pas une stratégie par commune.
Comment pensez-vous aborder vos adversaires dans trois ans ?
Je ne fais pas de la politique contre, je fais de la politique pour Paris, pour les Parisiennes et les Parisiens, pour des convictions. Et la vision d'avenir que nous avons à construire, le projet que nous avons à mettre au service de celle-ci demandent beaucoup de temps et d'investissement, beaucoup d'énergie et vont concentrer 100 % de mon temps et de celui de toutes celles et tous ceux qui m'accompagnent. On ne doit pas avoir une approche sectaire. C'est la raison pour laquelle je crois profondément à un travail sur le fond avec les autres, sur le partage de diagnostics et de solutions opérationnelles à mettre en place. Notre seule boussole, notre seul objectif politique doit être le service de Paris. J’ai l’ardente conviction, et elle vient de loin, qu’un autre projet pour Paris est possible.