Le groupe Altares a récemment dévoilé les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le troisième trimestre de l’année 2023. Entre le 1er juillet et le 30 septembre, ils ont été près de 11 000 concernés, un nombre qui a augmenté de 23 % par rapport à 2022.
"Depuis début 2022, le nombre de défaillances bondissait en moyenne de 47 % chaque trimestre. Un taux aussi élevé sur une si longue période est inédit, mais rappelons qu’en 2021, les défauts étaient aussi au plus bas depuis 35 ans", a introduit Thierry Millon, directeur des études Altares.
"Une moyenne de 4 550 défauts chaque mois"
"A l’issue de ce 3ème trimestre, la hausse de 23 % ralentit et les prochains trimestres pourraient également connaître des augmentations plus modérées. Sur 9 mois glissés en 2023, la France enregistre 41 000 défaillances, soit une moyenne de 4550 défauts chaque mois. Un niveau attendu, qui nous projette aux environs des 55 000 procédures en fin d’année, après un dernier trimestre qui devrait confirmer la décélération observée cet été", a ajouté Thierry Millon. Toutefois, Altares met en garde les PME-ETI, qui représentent 8,2 % des défauts aujourd’hui.
Dans ces conditions difficiles, le directeur des études Altares a alerté sur le nombre d’emplois menacés au troisième trimestre. En effet, la barre est repassée au-dessus des 37 000 pour la première fois depuis sept ans.
"72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires"
Après les paroles introductives de Thierry Millon, le groupe Altares a donné plus de détail. Ainsi, 10 979 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023. Ce nombre approche celui de l’été 2018, qui était de 11 563. Sur 12 mois glissés, le cap des 53 000 entreprises défaillantes est franchi, un niveau équivalant à celui de l’automne 2019.
Concernant les liquidations judiciaires, les 7 883 ont été atteintes, un nombre proche de celui enregistré au cours de l’été 2016 qui était de 7850. Son augmentation est de 19 %, un pourcentage bien en-dessous des 70 % de l’été 2022. A noter que les trois quarts des entreprises liquidées comptent moins de trois salariés.
"72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires, un taux très élevé qui confirme la grande faiblesse financière dans laquelle se trouvent ces entreprises. Ce taux de liquidation, inversement proportionnel à la taille de l’entreprise, grimpe à plus de 75 % chez les plus petites structures et descend à 10 % pour les plus grandes. Ces dernières, mieux armées pour piloter leur activité peuvent davantage prévenir le risque", a déclaré Thierry Millon.
Au troisième trimestre, 278 sauvegardes obtenues
Le rapport d’Altares a précisé que le quart des procédures sont des redressements judiciaires (RJ). Ils sont au nombre de 2 818, sensiblement inférieur à celui constaté avant la Covid en 2019. Cette procédure est toutefois plus fréquente, en hausse de 34 % ce trimestre.
Enfin l’étude a indiqué qu’à fin 2022, le cap des 20 000 sauvegardes a été atteint après 17 ans de pratique pour 915 000 défaillances prononcées sur la même période, soit à peine plus de 2 % de l’ensemble. Durant l’été 2023, ce taux a à peine évolué : 278 sauvegardes ont été obtenues soit 2,5 % des procédures, toutefois en hausse de 21 % ce trimestre.
"Le temps est donc à l’anticipation. Il est en effet un facteur essentiel d’une réorganisation réussie mais les plus petites, très sensibles au retournement conjoncturel et en manque de financement, se retrouvent trop vite sous la ligne de flottaison", a souligné Thierry Millon.
Focus sur les PME-ETI
Le niveau de défauts des PME-ETI, en hausse de 32 %, se rapproche des référentiels de la crise financière.
D’après l’étude, les défaillances de PME-ETI ont continué d’augmenter plus vite que celles des TPE. Près de 900 PME-ETI ont défailli au cours du troisième trimestre, soit 32 % de plus qu’il y a un an. "Il s’agit de l’été le plus sinistré depuis 2014", a précisé Altares.
Sur ces défaillances, moins de la moitié sont directement liquidées offrant ainsi un sursis à l’emploi. Toutefois, elles concentrent plus de 58 % des emplois menacés, alors qu’elles représentent 8,2 % de l’ensemble des défauts.
"La proportion de PME parmi les entreprises défaillantes ne cesse d’ailleurs de croitre", a alerté le groupe Altares. Elle est ainsi passée de 6,3 % au 3e trimestre 2020, à 7,2 % en 2021, puis à 7,6% à l’été 2022 et enfin à 8,2 % aujourd’hui. Un chiffre qui n’avait plus été observé depuis 2010, dans le sillage de la crise financière.
Entre juillet et septembre, les défauts de TPE sont en hausse de 22 %, soit 10 points de moins que les PME-ETI. "Parmi ces entreprises, les plus petites comptant moins de trois salariés résistent mieux avec une hausse des défauts de 18 %, sous la moyenne globale de + 23 %", a précisé Altares.
Les derniers chiffres mis en avant par l’étude concernent les emplois menacés, ils sont 21 800 chez les PME, contre 15 500 chez les TPE.