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Prix Irène Joliot-Curie : quatre chercheuses d’exception récompensées

Bérangère Dubrulle, Céline Bellard, Nina Hadis Amini et Marjorie Cavarroc-Veimer sont les quatre lauréates de la 21e édition du prix Irène Joliot-Curie, qui met à l’honneur des femmes scientifiques.
La remise du Prix Irène Joliot-Curie s'est récemment déroulée au Conservatoire national des arts et des métiers.
© AP - La remise du Prix Irène Joliot-Curie s'est récemment déroulée au Conservatoire national des arts et des métiers.

Société Publié le ,

La cérémonie de remise de la 21e édition du prix Irène Joliot-Curie s’est récemment déroulée au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Créé en 2001, cet événement, qui récompense chaque année des travaux scientifiques remarquables, vise à promouvoir la place des femmes dans la recherche et mettre en lumière les carrières exemplaires de femmes de sciences. Cette année, le jury, présidé par Catherine Cesarky et composé de 30 membres issus de huit sections scientifiques de l’Académie des sciences, trois de l’Académie des Technologies, un de l’Académie des sciences morales et politiques et de deux du MESR, a récompensé Bérangère Dubrulle, Céline Bellard, Nina Hadis Amini et Marjorie Cavarroc-Veimer.

« Les découvertes des scientifiques ont changé la face du monde »

En introduction de la cérémonie, la physicienne et ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Sylvie Retailleau a rappelé que « plus que jamais, les défis de notre société, qu’il s’agisse de la transition écologique, de la santé, ou encore de l’énergie, sont des défis scientifiques. Pour les relever, nous avons besoin de la créativité et de l’ingéniosité de nos scientifiques, de nos techniciens et de nos ingénieurs. Ces filières souffrent aujourd’hui d’un déficit d’attractivité, en général certes, mais singulièrement à destination des femmes ».

Présidente de l’évènement, la Première ministre Élisabeth Borne a commencé son discours en citant Marie Curie : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre ». Elle a ensuite dressé un constat de la situation « Parmi les clichés les plus coriaces, se trouve l’idée que les sciences ne seraient pas faites pour les femmes. Bien des caricatures sexistes sous-tendent à cette idée, mais à force d’être répétée, elle a trop souvent fini par être acceptée. Pourtant, je le crois, "rien n’est à craindre" surtout pas les sciences. "Tout est à comprendre", et nous n’y parviendrons pas en nous privant de la moitié des talents de l’Humanité ».

Avant de passer à la présentation des lauréates, la Première ministre a rappelé que « c’est à une femme, Émilie du Chatelet, que nous devons la diffusion des théories de Newton, et une meilleure compréhension de l’énergie cinétique. C’est à une femme, Ada Lovelace, que l’on doit les prémisses de l’informatique, et sans doute les premières lignes de code. C’est une femme, Marie Curie, qui a découvert la radioactivité, et une autre, sa fille, Irène Joliot-Curie, qui nous a permis de mieux la comprendre et la maîtriser. C’est encore à une femme, Rosalind Franklin, que l’on doit la compréhension de la structure de l’ADN. Une découverte qui ne lui a été attribuée que tardivement, ses travaux ayant été spoliés, dans un temps pas si lointain, où certains hommes aimaient à récolter les lauriers du travail féminin ».

Elle a cité cinq noms, mais à préciser que cette liste pourrait être bien plus longue. « Car les découvertes des femmes scientifiques ont changé la face du monde. Et grâce à elle, la médecine, la physique, la chimie, les mathématiques, l’informatique ont été bouleversées, révolutionnées ».

Prix de la « Femme scientifique de l’année » pour Bérangère Dubrulle

Après ces discours d’introduction, l’après-midi s’est poursuivi avec la remise des récompenses. Bérangère Dubrulle a été la première à être mise à l’honneur. Directrice de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS), elle a reçu le prix de la « Femme scientifique de l’année » des mains d’Élisabeth Borne. Ce trophée vient récompenser son travail pluridisciplinaire, mené depuis 35 ans à l’interface entre l’astrophysique, la géophysique, la mécanique et les mathématiques. Cette scientifique explore la turbulence dans les fluides et ses applications telles que la formation du système solaire ou les changements climatiques, et a déjà réalisé plus de 180 publications.

© AP - Bérengère Dubrulle a reçu le prix de la « Femme scientifique de l’année » des mains d’Élisabeth Borne.

Céline Bellard reçoit le prix spécial de l’engagement

La deuxième récompense de l’après-midi, le prix spécial de l’engagement, a été décernée à Céline Bellard par Dominique Faure, ingénieure et ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur et du ministre de la Transition écologique, chargée des Collectivités territoriales et auprès du ministre de la Transition écologique, chargée de la Ruralité, et Chrysoula Zacharopoulou, médecin et secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux. Formée à l’université, cette chercheuse spécialisée dans l’effet des changements globaux et notamment des invasions biologiques et des changements climatiques sur la biodiversité, développe des travaux sur l'étude des taux naturels d'extinction.

Prix de la « Jeune femme scientifique » pour Nina Hadis Amini

Isabelle Rome, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, et Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse ont remis le prix de la « Jeune femme scientifique » de l’année à Nina Hadis Amini. Chercheuse en automatique appliquée au contrôle des systèmes quantiques au sein du Laboratoire des signaux et systèmes (L2S) du CNRS, cette scientifique développe des méthodes de contrôle pour les ordinateurs quantiques de demain. Dans ses recherches, elle s’arme d’outils mathématiques, de physique et d’automatique pour contribuer à l’élaboration de systèmes capables de résoudre des problèmes actuellement impossibles pour les ordinateurs classiques et qui révolutionneront les méthodes d’autres disciplines comme l’intelligence artificielle ou encore la médecine.

© AP - Isabelle Rome et Pap Ndiaye ont remis le prix de la « Jeune femme scientifique » de l’année à Nina Hadis Amini.

Marjorie Cavarroc-Weimer obtient le prix « Femme, recherche et entreprise »

Marjorie Cavarroc-Weimer a, quant à elle, reçu le prix « Femme, recherche et entreprise », qui lui a été remis par Geneviève Darrieussecq, ministre chargée des Personnes handicapées. Cette ingénieure spécialisée dans le domaine de la physique et des plasmas, a déjà été récompensée en 1998 du Prix de la Vocation scientifique et technique des Femmes, et a été désignée ingénieur de l’année en 2010. Elle travaille au sein du groupe Safran, et s’est investie dans la vulgarisation scientifique, afin notamment de faire découvrir les carrières scientifiques aux plus jeunes. Enfin, Marjorie Cavarroc-Weimer effectue des sensibilisations auprès des collégiennes et lycéennes, pour les inciter autant que possible à ne pas s’autocensurer dans leurs choix de carrières.

« Allez au bout de vos rêves, il n’y a pas de métier, pas de filière d’homme ou de femme »

Dans son discours, la Première ministre a insisté sur l’importance du futur des sciences. « L’avenir des mathématiques, de l’informatique, de la physique est aussi bien féminin que masculin », a-t-elle indiqué. « Le président de la République a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes, la grande cause de ses deux quinquennats. C’est un combat que nous devons porter jusqu’aux sciences, en attaquant, d’abord, les inégalités à la racine ». Elle a ensuite rappelé qu’en terminale, « trois quarts des garçons suivent un enseignement de mathématiques, mais seulement la moitié des lycéennes », aussi à l’université, « les femmes représentent 60% des étudiants, mais seulement 31% en sciences fondamentales », enfin « toutes formations confondues, la part des femmes diplômées d’un titre d’ingénieur en 2020 est seulement de 28% ». Après ces chiffres, Élisabeth Borne a exprimé que « ce n’est pas assez ».

« Nous allons redoubler d’effort, dans le primaire et dans le secondaire, pour veiller à la mixité des filières. Comme le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, l’a annoncé, nous visons la parité d’ici 2027 dans les spécialités mathématiques, physique-chimie ou mathématiques expertes. Nous voulons nous assurer, aussi, que chaque élève dispose d’un bagage scientifique suffisant. C’est pourquoi nous avons réintroduit les mathématiques obligatoires en classe de première », a précisé la chef du Gouvernement, qui veut croire « à la force de l’exemple ».

Elle a ainsi prévu de « favoriser les rencontres avec des professionnels, dès le collège. C’est ainsi que des vocations pourront naître, chez les jeunes femmes, comme chez les jeunes hommes. Enfin, nous devons réussir le défi de l’orientation. C’est bien à ce moment que les stéréotypes peuvent casser une vocation. Le renforcement de l’orientation vers les voies scientifiques pour les jeunes femmes, est un de nos axes de travail ». Pour finir, la Première ministre a insisté sur cette phrase : « allez au bout de vos rêves », ces mêmes mots, quelle a prononcé lors de sa prise de fonction. Élisabeth Borne a ainsi encouragé toutes les collégiennes et lycéennes à se diriger vers la filière de leur choix.

« Il n’y a pas de métier, pas de filière d’homme ou de femme. Il n’y a que votre envie, votre détermination et votre talent. Si vous le voulez, et que vous travaillez, vous pourrez écrire tous les métiers de la science au féminin. Vous serez à l’origine des découvertes qui changeront notre monde. Vous pourrez trouver les technologies et les innovations, qui permettront de mener les transitions et surmonter les défis devant nous. Nous avons besoin de vous. Rien ne vous est interdit », a conclu Élisabeth Borne.

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