AccueilActualitéRégion Île-de-France & Grand ParisProfession comptable : la formation et l’expérience, les piliers de la compétence

Profession comptable : la formation et l’expérience, les piliers de la compétence

Lors des récentes Universités d’été de la profession comptable, la traditionnelle Conférence des présidents a abordé l’enjeu de la formation, avec le témoignage de Pierre Deheunynck, président du conseil d’administration de France Compétences.
“Philippe Vincent, Vincent Reynier, Virginie Roitman et Pierre Deheunynck”.
© AP - “Philippe Vincent, Vincent Reynier, Virginie Roitman et Pierre Deheunynck”.

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Événement phare de la rentrée de la profession comptable, les Universités d’été se sont déroulées à Paris, du 5 au 7 septembre dernier. A cette occasion, la Conférence des présidents a réuni Virginie Roitman, présidente de l'Ordre des experts-comptables Paris Ile-de-France (IDF), Vincent Reynier, président de la CRCC de Paris et Philippe Vincent, celui de la CRCC de Versailles et du Centre autour du sujet de la formation et de ses enjeux. A leurs côtés, Pierre Deheunynck, président du Conseil d'administration de France Compétences, régulateur et financeur de la formation professionnelle en France, a fait part de son expérience et de son regard sur cette thématique, d’une actualité brulante.

Des compétences de transformation grâce à la formation

Pour Pierre Deheunynck, les dirigeants doivent acquérir deux compétences fondamentales : la capacité de transformation et la gestion des crises. “Je plaide que tout ceci peut être acquis par l'entreprise en son ensemble, à travers notamment la compétence, et donc ce faisant, à travers la formation et l'expérience”, a-t-il indiqué d’emblée.

Dans un Livre blanc publié fin 2021, le président du CA de France Compétences avait listé cinq éléments essentiels pour accompagner la transformation dans les entreprises. Il s’agit de l'engagement collectif, de la responsabilité individuelle des organisations pour encourager l'autonomie et la responsabilité, du renouvellement des compétences, de la qualité des emplois et du partage de la valeur.

S’appuyant sur ses observations du monde entrepreneurial, Pierre Deheunynck a d’ailleurs noté la chance qu’ont les experts-comptables et les commissaires aux comptes (CAC), par rapport à d'autres organisations, d’avoir accès à l’apprentissage et à la formation au cours de leur carrière. “Apprendre à apprendre, c'est une nécessité absolue”, estime-t-il.

L’engagement, aussi, peut être un levier de transformation des entreprises. Pour cela, il faut que les équipes partagent un projet commun et aient la croyance de participer à la communauté. “Je trouve que votre initiative, qui consiste à inviter experts-comptables, commissaires aux comptes, collaborateurs et stagiaires, contribue à créer un projet collectif”. Le management de la reconnaissance et l’instauration de conditions qui permettront aux salariés de prendre plaisir au travail et de se projeter dans leur évolution professionnelle sont également des outils de transformation. “Tout ça est sous-tendu, toujours, par les compétences. Et ce faisant, la formation est évidemment au cœur du dispositif”, a-t-il ajouté.

La formation est la clé pour vos entreprises, vos clients, vos collaborateurs, et, au-delà de tout ça, est fondamentale à l'épanouissement individuel et collectif. Tout au long de la vie professionnelle, l'intelligence, jamais, ne peut substituer l'expérience, à la compétence et à la connaissance”, a-t-il conclu.

© AP - Philippe Vincent et Vincent Reynier, présidents des CRCC de Versailles et du Centre et de Paris.

Faire de la formation une opportunité, pas une contrainte

Comme l’a déploré Vincent Reynier, la formation est une obligation professionnelle pour les experts-comptables et les CAC, deux professions réglementées, et est, à ce titre, trop souvent perçue comme une contrainte. Les mentalités nécessiteraient donc d’évoluer afin que les collaborateurs voient dans la formation une réelle opportunité.

Pour cela, le président du CA de France Compétences estime qu’il faut réussir à faire converger les intérêts de l'entreprise avec ceux des salariés. Pour l'entreprise, il s’agit de servir ses clients et donc de réussir sur le plan économique et financier, et pour le salarié, de s'épanouir dans son activité, dans sa responsabilité, en autonomie. Pour cela, il doit disposer des compétences nécessaires et les faire évoluer régulièrement pour pouvoir se projeter dans l’avenir.

Mais l’intervenant le reconnaît, créer les conditions qui permettent de se projeter est difficile à mettre en œuvre dans les entreprises, notamment dans celles qui manquent d’effectifs. Or, “la formation continue participe à la maîtrise de son travail, à la montée en autonomie, à la perspective et au projet”, a rappelé Pierre Deheunynck.

Des diplômes d’expertise comptable à faire évoluer

Autre thème lié à la formation, abordé par les trois présidents lors de cette conférence, l’état actuel du diplôme d’expert-comptable (DEC), qui intervient après le DCG et le DSCG. Ces derniers s’appuient sur une vingtaine d’unités d'enseignement, quasiment toutes techniques. “Notre filière produit des super techniciens. Nous sommes des super techniciens”, a affirmé Virginie Roitman, tout en relevant que la profession a besoin d'autres compétences, communément appelées soft skills. La présidente de l’OEC Paris IDF a ensuite expliqué qu’il est essentiel que les collaborateurs acquièrent des qualités en marketing et en management, domaines dans lesquels ils ne sont pas formés, et qu’ils puissent se libérer du temps pour cela.

Philippe Vincent a, quant à lui, une vision optimiste de l'ensemble des diplômes de la profession. S’agissant du DEC, ce diplôme, “certes technique qui ne répond pas à tout”, est reconnu par tous. “Son socle fait ce que nous sommes en tant qu'experts-comptables et en tant que commissaires aux comptes”, a affirmé le président de la CRCC de Versailles.

L’initiative prise par les trois présidents de s’unir autour du projet Sup’Expertise, tout comme la création de l'École française de la formation à l'audit, prouvent que les experts-comptables et les CAC “sont en train de reprendre la main sur ces cursus”, selon Vincent Reynier, pour le faire évoluer, tout du mois pour compléter lesenseignements, afin qu'ils répondent mieux aux attentes des parties prenantes.

Oui, nous avons des défis, oui, nous avons des challenges, mais nous avons des diplômes sur lesquels il faut continuer à s'appuyer et qu’il faut faire évoluer”, a t-il insisté.

Philippe Vincent a, quant à lui, souligné la “chance” qu’a la profession d’avoir un diplôme qui permette d'exercer deux métiers, et ce alors même le champs de compétences du commissariat aux comptes s'élargit, notamment avec la cybersécurité ou encore avec la CSRD. “A nous de dénouer les sujets administratifs et opérationnels qui, de temps en temps, bloquent certains de nos candidats”, a-t-il ajouté.

© AP - Virginie Roitman, présidente de l'Ordre des experts-comptables Paris Ile-de-France, et Pierre Deheunynck, président du conseil d’administration de France Compétences.

Adapter les cursus aux missions de demain et aux besoins de recrutement

Comme l’a rappelé Virginie Roitman, la profession comptable s'adapte constamment aux évolutions de la profession, et adapte notamment les cursus aux nouveaux besoins de recrutement. C’est l’une des raisons pour laquelle Sup’Expertise propose “à la carte” ce que le diplôme ne propose pas. “Sup' Expertise, par son catalogue de compétences, essaye de répondre aux soft skills manquants en proposant des modules de management, de marketing, de RSE, de data analyse, liés aux nouvelles missions de demain. Sup’Expertise propose des diplômes augmentés pour compléter l'offre imposée par l'Éducation nationale”, a expliqué la présidente de l’OEC Paris IDF.

Il y a plein de nouveaux champs d'investigation qui s'ouvrent pour les consœurs et les confrères, que ce soit côté expertise ou côté audit, mais encore faut- il qu'on soit capable d'offrir des formations qui vont avec”, a souligné Vincent Reynier, citant la facture électronique, la cyber sécurité, le numérique ou encore l’IA. “ Il faut que dans nos écoles, dès maintenant, on puisse faire travailler nos étudiants sur ces sujets, qu’on s'empare de ces sujets, qu'on les mette en place, et c'est ce qu'on fait tous les trois au niveau des institutions régionales”, a-t-il évoqué.

Profession comptable 2030, un projet de double évolution

Les trois présidents sont ensuite revenus sur le projet Profession comptable 2030, lancé par le Conseil national de l’Ordre des experts-comptables, pour soutenir les cabinets dans le développement de leurs nouvelles missions, induites par l’automatisation croissante des tâches. “De grands changements vont intervenir dans nos cabinets et pour les consœurs et confrères, mais aussi pour les collaborateurs. Il va falloir les aider à évoluer”, a lancé Vincent Reynier. Ce projet porte donc l’ambition d’une double évolution : celle des collaborateurs et celle, obligatoire, des cabinets.

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