Au terme de nombreux mois de négociation, de manifestations intersyndicales dans les rues de France et d’un vote au Parlement, la très controversée réforme des retraites est officiellement entrée en vigueur vendredi dernier.
Le sujet le plus débattu au cours de ces derniers mois a été l'âge légal de départ à la retraite. Celui-ci est progressivement relevé de 62 à 64 ans, en fonction de l'année de naissance, avec un rythme d'augmentation de trois mois par année, à partir de la génération née en 1961.
Ainsi, l'âge de départ est porté à 62 ans et trois mois pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961, à 63 ans pour celles nées en 1964, et à 64 ans pour les personnes nées en 1968. Les travailleurs handicapés auront toutefois la possibilité de prendre leur retraite à partir de 55 ans, tandis que ceux en situation d'invalidité pourront le faire à partir de 60 ans.
Durée de cotisation et régimes spéciaux
Pour bénéficier d'une pension de retraite à taux plein et sans décote, la durée de cotisation requise passera de 42 ans (soit 168 trimestres) actuellement à 43 ans (soit 172 trimestres) d'ici à 2027, avec un ajout d'un trimestre par an. Cette extension était déjà prévue dans la réforme Touraine de 2014, mais avec un calendrier moins serré. La suppression de la décote restera en vigueur à 67 ans pour ceux qui n'auront pas suffisamment cotisé de trimestres.
La réforme mettra également fin à la plupart des régimes spéciaux existants, notamment ceux de la RATP, des industries électriques et gazières et de la Banque de France, pour tous les employés recrutés à partir de septembre 2023. Cependant, les employés recrutés avant cette date continueront de bénéficier de ces régimes, mais seront également soumis aux modifications prévues par la réforme pour l'ensemble des travailleurs.
Les carrières longues adaptées
C’est le point le plus complexe. Ceux qui ont commencé à travailler tôt pourront toujours partir plus tôt. Avant la réforme, un début de carrière avant 20 ans pouvait permettre un départ anticipé de deux ans, et une entrée dans la vie active avant 16 ans pouvait donner droit à une retraite anticipée de quatre ans.
Ce dispositif est adapté avec deux nouvelles limites d’âge. Ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir un an plus tôt, à 63 ans ; ceux qui ont débuté avant 20 ans pourront partir deux ans plus tôt, soit à 62 ans. Ceux qui ont commencé avant 18 ans pourront faire valoir leur droit à la retraite quatre ans plus tôt, soit à 60 ans. Et enfin ceux qui ont démarré avant 16 ans, six ans plus tôt, soit à 58 ans. La durée minimale de cotisations est fixée à 43 ans cotisés pour toutes les carrières longues.
Pénibilité et petites pensions
Le compte professionnel de prévention prenant déjà en compte le travail de nuit et d’autres critères de pénibilité, il pourra être utilisé pour financer un congé de reconversion professionnelle. D’autres critères, comme le port de charges lourdes, les postures pénibles et les vibrations mécaniques, seront pris en compte au moyen d’un nouveau fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle.
Du côté des petites pensions, la retraite ne peut pas être inférieure à un montant minimum pour une carrière complète. À compter du 1er septembre, ce montant est porté à 848 euros brut pour une carrière complète.
Le minimum de pension est ainsi revalorisé à hauteur de 100 euros par mois pour une carrière complète au Smic, un montant proratisé pour les carrières incomplètes. La revalorisation concernera 200 000 retraités chaque année, soit environ un départ sur quatre, et 1,7 million de retraités actuels, selon le ministère.