Tous les usagers le savent, et le subissent chaque jour, le RER B est la ligne la moins performante et la moins ponctuelle d’Île-de-France. Cette ligne du RER est confrontée régulièrement à de nombreux problèmes opérationnels. De plus, elle est desservie par des équipements roulants et des infrastructures de plus en plus anciens qui ne répondent plus aux besoins et à la demandecroissants des usagers.
En outre, la présence de multiples acteurs complique la coordination et le partage d'informations, tandis qu'un volume considérable de travaux affecte négativement le bon déroulement des opérations sur cette ligne.
Face à ce constat alarmant, la présidente d’Île-de-France Mobilités (IDFM) et de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a commandé en mars dernier un audit complet du RER B. Les résultats de ce rapport ont été rendus public, à travers 14 points permettant, à terme, de meilleures performances pour cette ligne.
“J’ai fait du sauvetage du RER B l’un de mes chevaux de bataille les plus importants. La remise du rapport représente le lancement de l’acte 2 du plan de sauvetage du RER B : après avoir lancé les gros investissements structurants, il faut impérativement diminuer le nombre de journées les plus dégradées pour les usagers”, a déclaré Valérie Pécresse lors de la remise du rapport.
Gagner 1 % de ponctualité par an
Cet article, rédigé par Yves Ramette, expert du transport en commun et ancien directeur général de la RATP et de SNCF Réseau Île-de-France, est le fruit d'une collaboration entre divers acteurs de la ligne : Île-de-France Mobilités, RATP, SNCF Transilien Voyageurs, et SNCF Réseau. Son but est d'apporter des améliorations significatives à la fiabilité de la ligne et aux conditions de voyage pour plus d'un million d'usagers quotidiens.
“Ce rapport vise à développer une compréhension commune des origines des dysfonctionnements et de la diminution de la ponctualité depuis 2015, tout en identifiant les mesures à mettre en œuvre rapidement pour inverser cette tendance négative et progressivement rétablir durablement la qualité du service”, explique IDFM. L'objectif affiché par l’opérateur est d'atteindre une augmentation de 1 % de la ponctualité par an, avec un objectif de 90 % de ponctualité d'ici 2026.
Cinq enjeux majeurs et 14 actions applicables dès 2023
Ce rapport s'inscrit dans le prolongement des investissements considérables réalisés au cours des dernières années, totalisant près de 3,5 milliards d'euros. Ces investissements comprennent notamment la commande de 146 rames MI20 ainsi que la mise en place du système de signalisation et de contrôle des circulations appelé "NExTEO". Le protocole de financement pour ce dernier a été officiellement signé le 12 octobre dernier.
Le plan d’actions, qui sera piloté par l’autorité organisatrice des mobilités en Île-de-France, a été bâti autour de cinq enjeux majeurs :
- retrouver une disponibilité du matériel roulant en phase avec les besoins ;
- adapter la gestion des circulations au mass-transit ;
- renforcer la coordination autour des travaux ;
- renforcer la dynamique positive dans la gouvernance du RER B ;
- développer des outils et systèmes d’information communs.
Ce plan, qui se décline en 14 points d'action spécifiques, établit des objectifs pour les opérateurs, à court et moyen terme. Certaines de ces mesures pourront être mises en œuvre dès la fin de l'année 2023, dans le but de minimiser au maximum les effets de perturbations majeures et d'améliorer les conditions de voyage.
Les 14 actions
- Adapter la rénovation des MI84 pour augmenter le parc disponible sur la ligne.
- Améliorer l’efficacité du site de maintenance du matériel roulant de Mitry.
- Définir des objectifs de performance contractuels entre SNCF Réseau et IDFM.
- Adapter l’organisation pour renforcer la prise de responsabilité commune des entreprises RATP et SNCF sur l’ensemble de la ligne.
- Mettre en place un outil d’ordonnancement partagé entre SNCF et RATP pour les interventions techniques.
- Garantir l’utilisation des voies directes à la mise en service du CDG Express via la priorisation du RER B en situations perturbées.
- Anticiper la mise en commun des travaux à l’échelle de la ligne entre les gestionnaires d’infrastructure SNCF Réseau et RATP.
- Améliorer la coordination des acteurs entre la planification des travaux et le maintien de l’activité sur l’atelier de Mitry.
- Renforcer les moyens d’intervention de SNCF Réseau pour une résolution plus rapide des incidents d’infrastructure.
- Faciliter les évolutions réglementaires sur le périmètre SNCF pour s’adapter aux particularités du RER B. Accompagner les évolutions opérationnelles associées.
- Mettre en œuvre des outils pour faciliter l’exploitation des circulations sur les points clés de la ligne.
- Réévaluer régulièrement l’efficacité des dispositifs visant à limiter les incidents externes.
- Unifier les systèmes d’informations et les pratiques pour répertorier les incidents et leurs impacts.
- Acter formellement la mise en œuvre du Centre de commandement unique (CCU) pour les RER B et D.