Après deux premières rencontres placées sous les thèmes de l’écologie et de la vie quotidienne, les Rencontres jeunesse de Matignon se sont à nouveau donné rendez-vous pour aborder un nouveau thème de discussion et de travail : l’avenir professionnel. S'inscrivant dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR), l’objectif de ces Rencontres jeunesse de Matignon est de pouvoir présenter au printemps une feuille de route complète pour la jeunesse. “C’est un thème qui me tient vraiment à cœur parce que je suis convaincue que c’est par le travail qu’on peut briser les destins tracés d’avance, qu’on peut gagner son autonomie, qu’on peut bâtir ses projets de vie. Il y a encore trop de jeunes pour qui l’entrée dans la vie professionnelle est un véritable parcours du combattant”, a affirmé la Première ministre Elisabeth Borne.
Parmi les invités à ce moment d’échange, une vingtaine de jeunes et des représentants du monde scolaire comme des proviseurs d'établissements ou des associations. Etaient aussi présents six ministres : Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra ministre des Sports, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l'Enfance, Sarah El Hairy, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national universel et enfin Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement.
Plateforme de stages au collège
Parmi les sujets récurrents évoqués lors de cette matinée d’échange, celui des stages au collège et lycée a semblé être un point important. C’est en tout cas le sentiment d’Ivana, élève de troisième au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). « Nous avons des stages qui sont obligatoires en troisième, mais souvent pas dans de bonnes circonstances, dans le sens où on prend souvent des stages par dépit ou à côté de chez nous. Quelque part, on les choisit souvent par manque de choix ».
Face à ces inquiétudes, le ministre de l'Éducation nationale s’est voulu rassurant et réaliste. « Le stage de troisième est en effet un stage qui ne fonctionne pas de façon optimale parce qu'il repose sur les familles, avec toutes les inégalités que l'on connaît. Ce stage, c'est non pas une orientation précoce, mais simplement ouvrir le champ des possibles ».
Beaucoup de jeunes réclament le lancement d’une plateforme qui aurait comme vocation la mise en relation entre les élèves et les entreprises afin que ces dernières puissent expliquer leur métier. « Nous sommes en train de développer une plateforme pour les stages, notamment pour les collèges, ce qui permettra aussi de faire mieux rencontrer l'offre et la demande et permettre à des jeunes d'aller aussi dépasser l'environnement familial et souvent le réseau qui est le leur, pour trouver un stage », a répondu Carole Grandjean.
L’orientation, source de stress
« Plusieurs jeunes intervenants ont évoqué la période d'orientation qu'ils ont dès le lycée et tout le stress qu'elle cause. En France, nous avons une culture de la réussite parfaite de la seconde jusqu'à la fin du master, sans réorientation », a expliqué Samuel, membre du Forum français de la jeunesse. Chez une grande majorité des jeunes présents, la question de l’orientation pose souvent problème et c’est pour essayer de pallier cela que Samuel propose « un droit à l'année de césure qui ouvrirait une allocation de 8 à 12 mois pour tous les jeunes, qui leur permettraient de prendre le temps d'expérimenter, de s'engager, de tester le monde professionnel ou de réaffirmer leur choix d'orientation ».
La Première ministre Elisabeth Borne s’est dit être sur la même ligne : « Il faut dédramatiser le premier choix. Au cours de sa vie, la plupart d'entre nous et la plupart d'entre vous seront amenés aussi à changer de métier. On travaille en ce moment pour essayer d'organiser des passerelles, faciliter le chemin, le droit à l'erreur, le droit aussi à essayer une formation et puis à partir sur d'autres choses si tel était le projet ».
L’alternance monte en puissance
En 2022, 837 000 jeunes ont signé un nouveau contrat d'apprentissage, un chiffre trois fois supérieur à celui de 2017. Une réelle dynamique pour cette voie de formation est donc visible. « C'est vraiment une voie qui est à privilégier pour faciliter l'entrée dans la vie professionnelle parce qu’elle permet à la fois de se former, de découvrir le monde professionnel, et donc c'est important parce que ça permet ensuite d'y entrer plus facilement. Et puis, quand on est apprenti, on a un contrat de travail, donc un salaire. C'est donc aussi une façon de devenir autonome et de pouvoir bâtir ses propres projets », s’est réjouie Elisabeth Borne.
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