Cette première édition de la Semaine du numérique et des sciences informatiques (NSI), qui aura lieu début décembre, est organisée par une quinzaine d’organisations, dont l’association Talents du Numérique, l’Inria, le CNRS, les ministères de l’Éducation, de l’Économie et du Numérique, sous le haut-patronat du ministre délégué chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot.
Ce dernier invite tous les élèves ''à venir découvrir l’écosystème du numérique afin de devenir acteurs et non seulement utilisateurs''.
Faire découvrir un secteur dynamique
La Semaine du numérique poursuit, en effet, l’objectif ambitieux de présenter et valoriser les débouchés de ce secteur en pleine expansion aux jeunes français, et notamment aux filles. En somme, de susciter l’envie de s’orienter vers le numérique chez de nouvelles générations.
''Cette semaine du numérique est pour nous très importante car l’année dernière nous avions une journée mais nous avons considéré que ce n’était pas suffisant pour sensibiliser la jeunesse'', explique Mehdi Houas, fondateur de l’entreprise Talan et président du think tank Talents du numérique, à l’origine de l’événement.
L’événement se définit ainsi comme ''le rendez-vous national de découverte des formations et des métiers du numérique et des sciences informatiques'', avec plus d’une centaine d’expériences proposées.
Le numérique est devenu un outil pourdécouvrir le monde entier et développer des tas de solutions diverses. Son importance est majeure, notamment depuis la crise sanitaire et la généralisation du télétravail et la multiplication des offres à distance.
Le secteur est porté par trois types d’entreprises : les éditeurs (logiciels comme Microsoft ou Mac, jeux vidéo…), les conseils dans le numérique (Talan, Cap Gemini…), et toutes les directions informatiques d’organisations. La perspective des métiers possibles semble donc infinie. Selon la Dares, le secteur offrirait plus de 820 intitulés de postes.
S’il s’adresse avant tout aux jeunes en recherche d’informations et de conseils sur leur parcours scolaire, l’événement vise également l’ensemble des prescripteurs dont le corps enseignant.
Pour Mehdi Houas, ''c’est important d’aller à la rencontre de tous les écosystèmes, que ce soit les entreprises, les élèves mais aussi leurs professeurs, leurs parents et grands-parents''.
''Il faut que les parents et les professeurs leur donnent envie d’aller vers ce secteur. C’est un sujet éminemment sociétal, le numérique est probablement la révolution industrielle la plus accessible et populaire car aujourd’hui tout le monde peut y avoir accès'', considère l’ex ministre Elisabeth Moreno, ancienne ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances et marraine de l’événement.
Orienter et séduire les filles
Cette dernière a d’ailleurs à cœur de défendre la mixité du secteur en invitant tous les acteurs à encourager les filles à s’emparer du numérique.
''Ce n’est pas normal que les filles ne restent pas dans cette filière du numérique alors qu’elles ont la possibilité de participer aux rôles modèles de demain'', souligne Elisabeth Moreno.
''L’appel que nous faisons auprès des jeunes est très important et également orienté vers les jeunes filles. C’est une cause collective et chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, notamment les entreprises qui doivent jouer un rôle social et sociétal.Ce sont des métiers qui offrent des opportunités incroyables et ce serait dommage de passer à côté parce qu’on n’est pas au courant. Nous avons besoin de nouveaux talents et d’une grande mixité'', ajoute Mehdi Houas, président de Talents du numérique.
Malgré des efforts de communication, la jeune matière NSI enseignée au lycée attire davantage de garçons. Pourtant, l’objectif de cet enseignement est l’appropriation des concepts et méthodes qui fondent l’informatique et la réflexion sur un usage responsable et critique du numérique. Des sujets techniques et sociétaux méritant l’attention de tous.
''C’est la seule matière aujourd’hui qui nous permet de faire un véritable lien avec l’informatique et ce à quoi ça peut servir dans la société et c’est vraiment très important'', témoigne la jeune Emma Lauthier, ancienne élève NSI et étudiante en école cinéma et de jeu vidéo. ''J’utilise tous les jours un ordinateur et je suis en contact avec des programmeurs avec qui je suis capable de communiquer grâce aux cours que j’ai suivi dans cette spécialité'', ajoute-t-elle.
La révolution numérique nous demande, en effet, de changer de paradigmes et de réflexes dans l’enseignement et le monde du travail, afin de créer des outils à l’image de notre société.
Toucher un public plus jeune
Pour la marraine de l’événement Elisabeth Moreno, une semaine ne suffit pas pour sensibiliser et orienter vers ce secteur : ''ce travail devrait se faire toute l’année car aujourd’hui, on devrait apprendre ce qu’est le numérique comme on apprend à écrire''.
''Le numérique suscite un certain nombre d’opportunités mais aussi de craintes dont il faut pouvoir discuter'', souligne également Mehdi Houas, pour qui il faut ouvrir le dialogue dès le plus jeune âge. ''Comme l’iceberg, le numérique a une face visible et une face cachée qu’il faut pouvoir expliquer aux élèves'', ajoute ce dernier.
''Cette spécialité qui est arrivée en Première au lycée est récente et ne date que de 2019. J’estime qu’il faudrait étendre cet enseignement au collège, voire avant, dès l’école primaire, et faire un travail en amont'', considère Charles Poulmaire, professeur de NSI et président de l’Association des enseignantes et enseignants d'informatique de France (AEIF).
Le think-tank Talents numériques milite également pour que cet enseignement soit démarré plus tôt et conservé jusqu’en classe de Terminale.