Un discours vigoureux. Invitée à s’exprimer à l’issue de l’assemblée générale de l’OEC Paris Île-de-France lors des Universités d’été des experts-comptables, Cécile de Saint-Michel, présidente du conseil national (CNOEC), est revenue sur la feuille de route de sa mandature. Avec son équipe, cette professionnelle du chiffre seine-et-marnaise a fait le choix, depuis sa prise de fonction, le 21 décembre dernier, de prioriser trois secteurs. Les objectifs ? Répondre aux besoins des cabinets, mais aussi préparer l’avenir de la profession.
La RSE en ligne de mire
En premier lieu, la nouvelle équipe du CNOEC souhaite que les experts-comptables se positionnent sur la RSE, avec, en ligne de mire, le reporting des données extra-financières. Il faut rappeler que la directive CSRD entrera en vigueur progressivement, à compter du 1er janvier prochain. Ce texte vise à améliorer la qualité des données publiées en matière d’ESG et à harmoniser le reporting de durabilité des entreprises au niveau européen. Ces reportings devront être certifiés par un commissaire aux comptes ou par un prestataire soumis à des contraintes proches de celles des CAC, contracté sous l’acronyme PSAI.
Aussi, les experts-comptables qui ne sont pas également CAC pourront, s’ils le souhaitent, devenir PSAI pour pouvoir certifier les reportings extra-financiers. “Toutefois, la situation devrait être rare, car ce type de mission rentre plus dans le champ de compétence des commissaires aux comptes”, a estimé Cécile de Saint-Michel, avant d’ajouter que la profession aurait toutefois un rôle à jouer dans la production de ces données extra-financières.
“D’ici la fin de l’année prochaine, le CNOEC mettra à la disposition des professionnels les formations, les outils et le référentiel de mission adapté”, a-t-elle ajouté, précisant que le travail était déjà entamé, sous la direction d’Hervé Gbego, en charge de la durabilité.
Investir ces sujets est essentiel pour garantir l’attractivité des experts-comptables. “Tout cela nous permettra de nous imposer comme l'interlocuteur naturel du chef d'entreprise dans ce domaine, qui n'est pas protégé et qui est donc très ouvert à la concurrence de toute sorte”, a insisté Cécile de Saint-Michel.
L’axe essentiel de la facture électronique
Le deuxième axe de la mandature, et non des moindres, a trait à la facture électronique, qui sera “au cœur des processus financiers et comptables”. La profession entrera, par ce biais, dans l’ère de la data. Plus rapide, plus précise, plus sécurisée et plus accessible, la facture électronique va révolutionner la manière dont sont gérées les transactions financières. “Mais sa véritable valeur réside dans les données qu'elle génère.
Chaque facture électronique sera une mine d'informations, un ensemble de données prêtes à être exploitées”, a souligné Cécile de Saint-Michel, ajoutant toutefois que la transition vers la facture électronique et l’exploitation de la data ne serait pas sans relever certains défis. La protection des données, qui deviendra un sujet majeur, impliquera de garantir la confidentialité et la sécurité des informations, tout en respectant la règlementation en vigueur.
Par ailleurs, cette révolution doit passer par un changement de mentalité. Les professionnels devront quitter l’idée traditionnelle de la facturation, pour adopter une approche beaucoup plus orientée vers la data. “En tant que professionnels du chiffre, nous sommes en première ligne de cette transformation. Nous avons un rôle crucial à jouer pour garantir cette transition et que ça se déroule de manière efficace et responsable”, a martelé Cécile de Saint-Michel, ajoutant que les professionnels allaient devoir guider leurs clients et les aider à comprendre ces enjeux.
“C'est ainsi que nous réaffirmerons la place, qui a toujours été la nôtre, de conseillers privilégiés des chefs d'entreprise”, a assuré la présidente du CNOEC.
L’enjeu de la formation
Durabilité, IA, data… Sur le sujet de la formation, Cécile de Saint-Michel a appelé à l’adaptation des compétences de ses confrères et de leurs 170 000 collaborateurs. Aussi, dans ce cadre, 16 parcours de formation, appelés “profession comptable 2030”, seront présentés lors du 70e Congrès, organisé à Montpellier du 27 au 29 septembre prochain.
Conscient, à la fois de la nécessité de développer de nouvelles missions et des freins auxquels font face les cabinets, le CNOEC s’est emparé du sujet via le CFPC. Le projet, qui représente un investissement de 4,7 millions d’euros, a reçu un accueil favorable du H3C et s’est vu octroyer une subvention de 3 millions d’euros. “C'est la toute première fois dans l'histoire de notre profession que le Conseil national se lance dans un plan de formation de cette envergure”, s’est réjouie Cécile de Saint-Michel.
Le dispositif est doté de modules en présentiel et à distance, en mode asynchrone, c’est-à-dire réalisables lorsque le participant le souhaite, et à partir des dernières recherches en matière de sciences cognitives et d’ingénierie pédagogique. “Cette méthode nouvelle, qui met l'accent sur l'efficacité de l'impact de la formation, s'accorde aux compétences et aux possibilités du participant, de telle sorte que ces formations modifient profondément la posture des collaborateurs”, a expliqué la présidente du CNOEC.
D’autres chantiers sont menés parallèlement, notamment la mise à jour de la plateforme Hubemploi, dédiée au recrutement dans les cabinets d’expertise-comptable, ou encore la mise en place d’une charte d’éthique et de gouvernance.