L’Institut de l'économie pour le climatI4CE, un think tank français, vient de publier une étude qui analyse dans le détail la mécanique du budget des ménages. Au même moment, le Parlement se penche sur les budgets 2024.
L’étude pose un certain nombre de questions : Quel est le reste à charge si on change de chaudière ou de fenêtres tout en isolant ? Quel est le temps de retour sur investissement si on s'achète une voiture électrique ? Et bien d’autres. La conclusion de tout cela est simple : "les conditions économiques ne sont pas réunies aujourd'hui pour que tous les ménages puissent investir, avec le risque que cela génère un rejet des politiques de transition et conduise collectivement dans une impasse".
Ce constat alarmant n'est pas irrémédiable. Les auteurs de l'étude, tout en soulignant que les obstacles à la transition énergétique vont au-delà des questions financières, proposent des suggestions de changement au législateur pour les onze programmes d'aide actuels. Parmi ces programmes, six sont destinés à la rénovation, dont la TVA réduite à 5,5 % sur les travaux de rénovation, une mesure en place depuis 1999, et cinq sont spécifiques à la mobilité électrique.
Ces aides publiques couvrent de 25 % à 60 % des coûts d'investissement, en fonction des plafonds de revenus. De plus, elles sont de plus en plus liées aux revenus, et les aides sont d'environ deux fois plus élevées pour les ménages à faibles revenus que pour les ménages plus aisés.
Effets de seuil et capacité d'endettement
Des effets de seuil brouillent cependant la prise de décision pour une moitié de la population, ceux qui ne sont ni pauvres ni riches. "Ils font varier les montants d'aide de plusieurs milliers d'euros", pointe l'étude. Cette dernière distingue trois catégories, les 30 % de ménages modestes avec les revenus les plus bas, les 20 % de ménages aisés avec les revenus les plus hauts, et les classes moyennes qui représentent la moitié de la population.
Même avec un prêt à taux zéro, souligne cependant l'institut, "le financement du reste à charge continue de se heurter à (la) capacité d'endettement" des ménages. Celui-ci représente plus d'un an de revenus pour les classes moyennes, et 10 ans ou plus pour les ménages les plus modestes. Concernant les voitures, "lorsqu'on compare l'achat d'une citadine électrique standard neuve avec le fait de garder une vieille voiture essence, cet investissement ne se rentabilise sur 20 ans pour aucun ménage", relève l'étude.